Conjoncture agricole Hauts-de-France de septembre 2020
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GRANDES CULTURES
Hausse des cours du blé
Le CIC confirme une production mondiale globalement stable de blé, légèrement supérieure à son niveau record de l’an passé : 763,4 millions de tonnes (Mt) contre 762,2 Mt en 2019-2020. Dans l’hémisphère sud, l’El-Nina profite à l’Australie abondamment arrosée mais assèche les terres argentines. Par conséquent, le potentiel de production australien est dorénavant estimé à 28,4 Mt (+13 Mt sur un an) alors que celui de l’Argentine, réduit d’1,4 Mt en un mois, est estimé à 18 Mt.
Selon FranceAgriMer, compte-tenu du faible niveau de sa récolte, la France exportera vers les pays-tiers entre 6 et 6,5 Mt de blé. La Chine, pour l’instant en tête des pays acheteurs de blé français avec 800 000 tonnes déjà vendues, pourrait en importer 2 Mt sur l’ensemble de la campagne.
L’Afrique de l’ouest pourrait continuer à s’approvisionner en France (1 à 1,5 Mt) surtout si la céréale est compétitive au cours de la seconde partie de la campagne. Enfin l’Algérie, 3ème pays importateur au monde de blé (7 Mt) et client historique de la France, n’achèterai que 2 Mt (contre 5,6 Mt l’an passé). Le pays va probablement modifier son cahier des charges et la Russie pourrait répondre à ses appels d’offre. Sur le marché européen, notre pays écoulerait 6,4 Mt de blé en Europe du Nord notamment. Sur les 10,9 Mt d’orges récoltées en France, 9,3Mt seront collectées et destinées à l’exportation en l’état (5,8 Mt) et sous forme de malt (l’équivalent d’1,4 Mt de grains).
Les cours du blé et de l’orge profitent d’une forte demande pour s’inscrire nettement en hausse durant le mois de septembre. Les cours du blé tendre et de l’orge sur le marché physique, rendu Rouen, gagnent 7 centimes sur le mois pour s’afficher fin septembre respectivement à 197 €/t et 180 €/t.
État des cultures en région
Les pluies, de retour dans la dernière décade du mois sur l’ouest de l’Europe sont les bienvenues, notamment dans la perspective de forte hausse des surfaces de blé tendre en France pour la future campagne.
Maïs : La période de récolte du maïs fourrager a débuté vers le 15-20 août avec 10 jours d’avance et touche maintenant à sa fin. Les rendements en région vont du simple au double et sont globalement inférieurs à 2019. Le rendement moyen est estimé à 155 q/ ha (vs 162 en 2019) dans le Nord Pas-de-Calais et à 142 q/ha (vs 145 q/ha en 2019) dans les départements picards. Les récoltes de maïs grain débuteront en fin de mois dans le sud de la région.
POMMES DE TERRE
Arrachages ralentis par le temps sec
Le temps sec ralentit les arrachages qui ne se réalisent que sur parcelles irriguées. En fin de mois ils sont avancés à 30 ou 40 %. Le taux de matière sèche élevé rend les tubercules très sensibles et implique une vigilance particulière lors des opérations d’arrachage et de stockage. Les rendements sont attendus plus faibles que prévus et les producteurs révisent à la baisse leur prévision de récolte. Le marché démarre doucement avec une demande des industriels limitée et cantonnée aux contrats. Les transactions sur le frais sont peu nombreuses mais les prix sont soutenus sur les bonnes qualités. L’activité à l’export est contrainte par le coût élevé des transports.
Les premières cotations démarrent assez bas en s’affichant à un niveau inférieur de 45 % par rapport à 2019 et de 35 % en comparaison de la moyenne quinquennale. Le NEPG (Groupe des producteurs de pommes de terre du Nord-Ouest européen / North-Western European Potato Growers) estime que les rendements des pommes de terre de consommation sont au niveau de la moyenne des 5 dernières années. Comme la superficie a augmenté de 1,4 % par rapport à l’année dernière, la récolte totale peut être estimée à 27,9 millions de tonnes contre 26,9 millions en 2019 pour les 5 grands pays de production (UE-4 + GB). Pour la région, selon Agreste, les surfaces progresseraient de nouveau par rapport à la dernière campagne de 5,3 % pour les pommes de terre de consommation et de 10 % pour les fécules.
ENDIVES
Une production entravée par la sécheresse
Racines : : L’état des cultures de racines est très hétérogène, selon la période de semis et les précipitations reçues. Les parcelles issues des semis d’avril présentent un bon état alors que celles semées en mai ont connu des levées aléatoires et tardives offrant des peuplements clairsemés. La situation est globalement meilleure à l’ouest du bassin de production (Arras, Bapaume, Weppes) qu’à l’est et au sud (Cambrésis, Pévèle, Aisne). Il n’y a pas de problème sanitaire majeur.
Endives : Comme à chaque début de campagne, la production d’endives est assurée par le forçage de racines de report (2019), au rendement hétérogène cette année, remplacées progressivement par les nouvelles racines au fur et à mesure de l’avancement des arrachages. Outre un retard dans les travaux d’arrachage, la sècheresse de cette année impacte la productivité des nouvelles racines (manque de maturité, petit calibre). En conséquence le niveau de production de ce début de campagne est faible. La bascule, c’est-à-dire le passage des anciennes aux nouvelles racines, se fera probablement à partir du 15 octobre. Le retour des pluies depuis fin septembre est propice au développement des racines en place et devrait se traduire favorablement en termes de production à compter de la mi-novembre. Côté marché, l’offre reste insuffisante et les cours s’affichent hauts en ce début de campagne (+ 30 % par rapport à la moyenne quinquennale).
VIANDE BOVINE
Des abattages régionaux en hausse
Vaches : Les abattages régionaux sont en hausse en août de plus de 4 % par rapport à 2019. La répartition de cette hausse des abattages entre les vaches de type viande et celles de type laitier est respectivement de 2 et 6 %.
Jeunes bovins : Les abattages régionaux progressent de 2,5 % par rapport au mois d’août 2019. La progression reste importante en cumul annuel avec 12,5 %. Les cotations varient assez peu en septembre. Le cours moyen mensuel des vaches allaitantes grappille 1 centime à 4,15 €/kg alors que celui de la vache de réforme laitière cède 2 centimes à 2,84 €/kg. L’engorgement du marché pèse sur le cours de la viande de jeune bovin dont le cours moyen mensuel s’affiche à 3,75 €/kg, soit une perte de 2 centimes sur le mois.
VIANDE PORCINE
Apparition de la peste porcine africaine en Allemagne
Dans la continuité du mois d’août, les cours restent orientés à la hausse jusqu’en milieu de mois avant de se stabiliser à 1,57 €/kg, soit un gain mensuel de 4 centimes. L’écart se maintient avec la campagne 2019 alors qu’il se réduit par rapport à la moyenne quinquennale. Sur le mois, la baisse est de 1,9 % en volume et 2,1 % en nombre de têtes. En cumul annuel l’activité d’abattage des abattoirs régionaux est en baisse de 1,7 % en volume. L’apparition le 10 septembre de la peste porcine africaine (PPA) à l’est de l’Allemagne provoque la fermeture des grands marchés mondiaux aux exportations allemandes et risque de déstabiliser fortement le marché européen.
LAIT
Collecte en baisse et prix stable
Conséquence de l’impact de la sécheresse et de l’épisode de canicule survenu en début de mois, la collecte régionale de lait de vache recule de 2,8 % en août par rapport à 2019. La production nationale marque également le pas ce mois-ci. En cumul depuis janvier, le volume collecté baisse de 1 % en région alors qu’il reste positif au niveau national. L’augmentation des volumes prévaut aussi à l’échelle des principaux bassins de production mondiaux dont l’Europe. Le prix moyen du lait payé au producteur s’établit en août à 342 €/1000 litres. Il est stable par rapport au mois précédent et limite la remontée saisonnière des prix. Il s’éloigne du niveau d’août 2019, en portant le déficit à 16 euros (- 4,5 %).
PÊCHE
Le maquereau s’impose dans les filets
En pêche côtière, le maquereau s’impose nettement dans les filets des pêcheurs côtiers avec un tonnage qui double par rapport à septembre 2019. Avec un marché demandeur il est échangé entre 0,8 et 1 €/kg. En fin de mois il est concurrencé par le maquereau écossais de plus belle taille. La seiche est la seconde espèce débarquée et répond à une demande soutenue des marchés méditerranéens, vers l’Italie et l’Espagne. Viennent ensuite le rouget-barbet et la sardine, cette dernière intéressant plutôt les conserveries. Le merlan reste le grand absent des gisements côtiers avec un tonnage en baisse de 60 % par rapport à septembre 2019. En pêche hauturière c’est le lieu noir qui domine néanmoins dans des quantités très modestes, son tonnage est inférieur de 30 % à celui de septembre 2019. Globalement l’activité commerciale est tirée par la grande distribution avec l’effet « rentrée » en début de mois. Ensuite le commerce devient prudent dans un contexte contrarié par le Covid.
En septembre, le tonnage mensuel est supérieur de 14 % à celui de 2019 et le cours moyen est stable depuis mai, à un niveau proche de celui de l’année précédente (-1 %).
MÉTÉOROLOGIE
Retour des précipitations en fin de mois
En cumul mensuel les précipitations de septembre s’avèrent de nouveau déficitaires sur Lille et Amiens respectivement de 27 et 30 % par rapport aux normales. Après une longue période sèche sur une majeure partie du mois, les précipitations sont de retour à partir du 23. Elles sont particulièrement intenses dans l’ouest et le nord de la région et permettent une remontée de l’indice d’humidité des sols superficiels. La température moyenne mensuelle régionale relevée sur Amiens et Lille excède de 1,9°C la normale. Un pic de chaleur survient durant les journées du 14 et 15 septembre avec des maximales relevées au-dessus de 35°C dans une large bande sud-est de la région.
FOCUS DU MOIS
Le prix des terres agricoles et des prés.
A l’instar des années précédentes, la petite région agricole (PRA) du Cambrésis présente les prix moyens parmi les plus élevés en région pour les terres agricoles et les prés libres d’occupation. Le prix des terres est établi à partir de la moyenne des transactions réalisées dans les trois dernières années, ici en l’occurrence, sur la période de 2017 à 2019.
La zone frontalière belge se distingue par des prix de transaction plus élevés qu’au niveau régional (PRA de Flandre maritime, Flandre intérieure, Wateringues, Collines Guinoises, Plaine de la Lys, Pays d’Aire, Béthunois, Région de Lille, Pévèle, Hainaut). C’est dans le Cambrésis que les transactions ont été les plus élevées ces 3 dernières années (au-delà de 15 000 € l’hectare).
L’Aisne et l’Oise sont les départements qui présentent les valeurs de transaction les moins élevées, avec des PRA où l’hectare se négocie sous les 7 500 €. Cependant, la PRA du Valois et Multien, proche de l’Ile-de-France, présente des valeurs de transaction comprises entre 12 500 et 15 000 €.
Pour en savoir davantage :
Retrouvez les valeurs publiées annuellement dans les données économiques reprises au mémento et au panorama et accessibles sur le site internet de la DRAAF Hauts-de-France, suivant le lien
Retrouvez également les cartes régionales mises en ligne, suivant le lien