Conjoncture agricole Hauts-de-France de novembre 2020
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GRANDES CULTURES
Conditions de cultures favorables aux semis d’automne
Dans son dernier rapport de fin novembre, le Conseil International des Céréales (CIC) revoit la production mondiale de blé à 765 Mt en hausse de +1 Mt, en raison de récoltes finalement meilleures qu’attendues en Russie, au Canada et en Inde. Dans l’hémisphère sud, la récolte de blé a quant à elle commencé. La production s’annonce moins importante que prévu en Argentine, mais bien meilleure en Australie, qui pourrait connaître sa 3eme meilleure récolte depuis 10 ans. Le CIC estime la production australienne à 29,3 Mt, soit +0,9 Mt par rapport aux estimations du mois dernier et, presque un doublement de la production par rapport à la campagne 19/20 (15,2 Mt).
L’activité des marchés des céréales n’est pas confinée et de nombreux pays sont aux achats, malgré des niveaux de prix élevés. L’Algérie a acheté près de 600 kt de blé d’origines européennes. Le blé européen s’exporte aussi massivement vers la Chine. Depuis le début de la campagne, ce sont 1,151Mt de blé européen qui ont été exportées, contre 547 kt l’an dernier à la même date, soit une progression de + 110% selon les chiffres de la Commission européenne.
La France demeure le premier exportateur européen avec à ce jour 2,37 Mt exportées. L’Algérie demeure le premier importateur avec 1,74 Mt, suivi par la Chine avec, à ce jour, 1,15 Mt. En conséquence, FranceAgriMer revoit sa prévision d’exportation du blé français vers les pays tiers, de 6,7 Mt estimé le mois dernier à 6,8 Mt. Agreste a révisé légèrement à la baisse la production de blé pour la récolte 2020, à 29,1 Mt contre 29,2 Mt estimées le mois dernier. Les cours du blé poursuivent leur ascension observée depuis septembre et se maintiennent au-delà des 200 €/t, depuis début octobre, soutenus par la demande mondiale. Le cours de l’orge progresse également, entraîné par la bonne tenue du blé et appuyé par une demande chinoise toujours importante.
État des cultures en région
S’agissant de la campagne 2020-2021, les conditions climatiques assez favorables permettent le déroulement des semis d’hiver dans de bonnes conditions. En Hauts-de-France, les blés semés cet automne abordent l’hiver dans un état jugé bon à très bon par FranceAgriMer, au 30 novembre, à 91 %, soit un niveau très élevé, bien supérieur à l’an passé affiché à seulement 75 %. Des conditions analogues sont observées en orges d’hiver avec un taux affiché à 90 %, contre 81 % l’an passé.
Les rendements en betterave sont revus à la baisse. Ils s’avèrent particulièrement bas dans le sud de la région (Oise et Aisne), conséquence des effets cumulés de la sécheresse et de la jaunisse. Les arrachages sont avancés à 90 % fin novembre avec un taux d’entrée en sucrerie autour de 60 %.
En pomme de terre, les arrachages sont quasiment achevés et les rendements sont estimés proches de la moyenne quinquennale.
POMMES DE TERRE
Marché calme orienté vers la bonne qualité
Les usines de transformation ne sont pas aux achats et privilégient les enlèvements des volumes sous contrat, parfois avec prudence, sur des quantités tout juste nécessaires pour répondre à la demande, afin d’éviter la constitution de stocks. Globalement, le calendrier des enlèvements est respecté, même si quelques retards peuvent être observés.
Des inquiétudes grandissent pour les enlèvements et pour l’état de conservation et la qualité, en raison de signalements de germination précoce qui apparaît sur certaines variétés. Le marché est donc peu soutenu et sa visibilité incertaine.
Sur le marché du frais, la COVID-19 ralentit fortement les ventes et le marché est anormalement calme, même si des volumes significatifs sont échangés sur le marché intérieur, essentiellement parmi les plus beaux lots. Les cours n’évoluent pas, dans un contexte où les ventes s’articulent principalement autour de quelques mises en avant, programmées par des enseignes de la GMS. Les circuits de distribution spécialisés paraissent moins impactés par cette baisse de fréquentation, tout comme le commerce en ligne (drive).
A l’exportation, les transactions vers l’Espagne se renforcent sur les lots de qualité, engendrant une certaine pression sur les prix. Dans le même temps, le marché s’ouvre un peu plus vers le Portugal, la Grèce et certaines destinations de l’Europe de l’Est, mais également pour des lots de qualité supérieure, préférés à une offre locale. Le commerce vers le Grand export est quant à lui fermé en milieu de mois vers certains pays, suite aux boycotts des produits français. L’Italie se manifeste davantage, mais la concurrence allemande est trop présente pour pénétrer le marché. L’activité se contracte en fin de mois.
ENDIVES
Un marché qui se rééquilibre brutalement
Cette année, la période de transition dans la production entre les racines de report et les racines de l’année est compliquée. Les arrachages sont en retard et les rendements ne sont pas au rendez-vous. Il en résulte une offre nettement déficitaire qui ne permet pas de répondre à une demande dynamique. Le marché est déséquilibré et les prix sont élevés.
Il faut attendre la mi-novembre pour observer une inversion de tendance. L’offre bénéficie d’une production qui s’améliore alors que la demande ralentit. Les cours cèdent pour atteindre en fin de mois leur plus bas niveau depuis le début de la campagne 2020-2021, tout en restant cependant supérieurs à la moyenne quinquennale.
La campagne d’arrachage devrait se terminer début décembre. Les dernières racines arrachées, issues de variétés tardives, semblent prometteuses, en terme de calibre et de maturité. Elles sont stockées en frigo pour assurer la suite de la campagne.
VIANDE BOVINE
Les cours des femelles supérieurs aux années précédentes
La demande toujours présente reste supérieure à l’offre et assure le soutien des cours des vaches qui s’avèrent bien supérieurs aux années précédentes. La cotation moyenne en novembre de la vache R s’affiche à 4,10 €/kg, soit une baisse de 4 centimes/kg sur un mois, mais un cours encore supérieur de plus de 11 % aux deux dernières années.
Les cours des vaches les moins conformées bénéficient d’une demande qui repart en viande hachée. En moyenne sur le mois la vache P cote 2,78 €/kg, soit une baisse de 6 centimes/kg sur un mois, mais un cours encore supérieur de près de 10 % par rapport à 2019.
Les cours des jeunes bovins subissent toujours un marché à l’export difficile mais amorcent une timide progression ce mois-ci. Le cours moyen grappille 1 centime/kg et s’affiche à 3,78 €/kg, un niveau inférieur de plus de 5 % par rapport à novembre 2019.
Les abattages régionaux de novembre sont en hausse de 13,1 % en volume par rapport à 2019 pour les vaches mais en baisse pour les jeunes bovins 0,7 %.
VIANDE PORCINE
La baisse des cours s’accentue
Le mouvement de baisse amorcé fin août s’accélère en novembre. Le prix entrée abattoir dans le bassin nord-est perd ainsi 13 centimes sur le mois pour atteindre fin novembre 1,42 €/ kg, soit le prix le plus bas de l’année, correspondant à celui de mars 2019.
Sur l’année le prix moyen est en retrait de 4,4 % par rapport à 2019 mais reste supérieur de 6,6 % à celui de la moyenne quinquennale.
Cette tendance baissière touche l’ensemble des marchés européens, comme en Allemagne, au Danemark et en Espagne. Les causes principales sont, d’une part la baisse d’activité et de débouchés consécutives au confinement et à la peste porcine africaine (PPA) et, d’autre part, la saturation du marché intérieur européen du fait des restrictions à l’export.
En novembre, les abattages porcins sont en hausse de 4,7 % en volume par rapport à novembre 2019. En cumul annuel l’activité d’abattage des abattoirs régionaux est en baisse de 3,6 % en volume.
LAIT
Hausse timide de la collecte régionale
La collecte régionale de lait de vache en octobre dépasse légèrement le niveau de 2019 (+0,3 %). Sur le territoire national, la collecte baisse de 0,7 %. Seuls les bassins laitiers de Normandie et des Hauts-de- France progressent sur un an.
Affiché à 366 €/1000 litres en octobre, le prix moyen du lait de vache payé au producteur en région gagne 2 euros par rapport au mois précédent et s’aligne sur celui de la campagne précédente à date. A l’échelle nationale le prix moyen est en retrait de 0,7 %, avec une baisse qui concerne les 3 principaux bassins laitiers (Bretagne, Normandie et Grand-Est).
Concernant le lait bio en région, par rapport à octobre 2019, la collecte mensuelle est stable et le prix moyen en hausse de 4 %.
PÊCHE
Tonnages à nouveau en baisse
En novembre, le merlan apparaît enfin sur les côtes boulonnaises, avec un prix sans excès situé entre 0,90 € et 1,30 € HT/kg pour les tailles portion et supérieures. Avec l’atteinte des quotas en Écosse, le maquereau s’apprécie à la hausse, pour être échangé entre 2,50 € et 3,80 € HT/ kg, selon arrivage. La saisonnalité du hareng se poursuit, avec une demande intéressée, mais sans incidence sur le prix, qui se stabilise entre 1 € et 1,25 € HT/ kg. Avec moins de disponibilités et une demande régulière, le prix de la coquille se ressaisit, pour franchir le seuil des 3 € HT/kg. Elle n’intéresse que le marché du frais et beaucoup moins la surgélation à ce niveau de prix. Le divers est assuré par une offre de sardine, de seiche et d’encornet, qui permet de satisfaire le commerce export vers le bassin méditerranéen.
Les mauvaises conditions météorologiques contrarient les débarques de pêche hauturière, peu nombreuses ce mois-ci. Les importations en provenance du Danemark et d’Islande assurent l’approvisionnement en espèces telles que l’églefin, le sébaste et le flétan.
Avec la diminution de l’activité en restauration hors domicile, le commerce repose pour l’essentiel sur la GMS.
En novembre, le tonnage mensuel est en baisse de plus de 15 % par rapport à novembre 2019. En cumul annuel, la baisse atteint 16 %. Le cours moyen fléchit par rapport au mois dernier, mais s’affiche proche du niveau de novembre 2019 (-1 %) et en retrait de 8 % en cumul annuel.
MÉTÉOROLOGIE
Retour du déficit pluviométrique et douceur
Après les pluies excédentaires d’octobre, novembre renoue avec le déficit pluviométrique. Affiché autour de 50 % en moyenne sur la région, il est particulièrement marqué dans l’Oise (80 %). L’indice d’humidité des sols superficiels baisse pour retrouver un niveau proche de la normale, voire déficitaire dans le sud de la région.
Les températures moyennes mensuelles s’affichent bien au-dessus des normales, de 2,2° C sur Amiens et 2,4° C sur Lille. Les maximales sont particulièrement douces en tout début de mois. On observe des jours de gelée peu prononcée le 4 et le 5 ainsi que sur les cinq derniers jours de mois.
FOCUS DU MOIS
L’alimentation des bovins dans les Hauts-de-France
La ration alimentaire des bovins est essentiellement constituée de fourrages, directement pâturés par les animaux ou récoltés et conservés pour une consommation ultérieure. Les vaches allaitantes pâturent en moyenne plus longtemps que les vaches laitières, compte tenu de leurs besoins et des contraintes liées à la traite. Dans les Hauts-de-France, elles sont mises en pâturage près de 6 mois dans l’année en moyenne contre 2 mois à peine pour les laitières. Les allaitantes comme les laitières pâturent en moyenne moins longtemps dans la région que dans l’ensemble du territoire français, respectivement 1,2 et 1,3 mois de moins dans l’année.
La quasi-totalité des exploitations bovines produisent du fourrage. Une exploitation de vaches allaitantes en produit bien moins qu’une exploitation de vaches laitières : dans la région, 188 tonnes de matière sèche contre 452. La production de maïs ensilage constitue les deux tiers des fourrages produits par une exploitation de vache laitière. Elle est en moyenne 5 à 6 fois plus importante que dans un élevage allaitant. La quantité de fourrages à base d’herbe est légèrement moindre dans les élevages de vaches allaitantes que dans ceux de laitières.
Les aliments concentrés (pulpes de betteraves, tourteaux de soja ou de colza, céréales, etc.) viennent compléter la ration des herbivores. Les exploitations bovines des Hauts-de-France comptent moins de surface en pâture et produisent moins de fourrage. De ce fait, une exploitation bovine de la région consomme bien plus d’aliments concentrés qu’en moyenne nationale : 146 tonnes par an contre 85. Dans la région, une vache laitière mange trois fois plus de concentrés qu’une vache allaitante. Une forte consommation de matière sèche se traduit par un grand apport d’éléments nutritifs et une haute production laitière.
Pour en savoir plus :
L’alimentation des bovins dans les Hauts-de-France