Conjoncture agricole Hauts-de-France d’octobre 2020

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GRANDES CULTURES

Les cours des principales céréales poursuivent leur ascension

Dans l’hémisphère sud, le phénomène climatique La Niňa continue de sévir et prolonge la sécheresse en Amérique du Sud. Ses répercussions météorologiques devraient se poursuivre jusqu’en janvier prochain. En Argentine, la baisse de la production de blé paraît inévitable selon France Export Céréales.
Dans l’autre hémisphère, c’est en Russie que les conditions climatiques très sèches inquiètent durant la période des semis.
En France, Agreste revoit à la baisse les productions de blé, d’orges et de maïs respectivement à 29,2 millions de tonnes (Mt) (- 0,3 Mt sur un mois), à 10,5 Mt (-0,3 Mt), et à 12,7 Mt (-0,6 Mt).

La dynamique des échanges commerciaux, et les inquiétudes climatiques persistantes, agitent les places de marché. Les cours des principales céréales poursuivent leur ascension en octobre avant de connaitre un repli brutal en dernière semaine, en partie dû aux conséquences des mesures de confinement.
La France a vendu 1,3 Mt de blé depuis le mois de juillet dernier sur les 6,7 Mt disponibles à l’export, soit 0,7 Mt de moins que l’an passé à la même période. En octobre, 620 Kt de blé français ont été embarquées, essentiellement à destination de la Chine, premier pays importateur de blé depuis le début de la campagne. Selon le Conseil international des céréales, l’Algérie, client historique de la France, dont le besoin d’importation est estimé à 7,1 Mt, pourrait acheter entre 1,5 à 2,5 Mt de blé français durant cette campagne. L’Algérie a lancé un appel d’offre en octobre.
Pour le moment les origines européennes (Pologne, Pays Balte et sur tout françaises) sont particulièrement compétitives sur la scène internationale, profitant de la fermeté des cours chez nos principaux concurrents, mer Noire notamment.
La Chine est quasiment devenue le pays importateur exclusif d’orges françaises depuis le début de la campagne 2020-2021. Elle en a acheté 1,09 Mt, soit 96 % de la quantité de grains expédiée hors de l’Union européenne ces trois derniers mois. Mais l’incertitude plane pour l’avenir compte-tenu des capacités d’exportation réduites de la France (2,7 Mt disponibles pour l’Union européenne et 2,9 Mt vers les pays tiers).

État des cultures en région

Selon FranceAgriMer les semis de blé en région étaient réalisés à hauteur de 79 % au 02 novembre, à comparer à 76 % l’an passé. Les surfaces emblavées cette année devraient être largement supérieures à celles de l ’an passé. En orges d’hiver, 100 % sont semées au 2 novembre, à comparer à 97 % l’an passé à date.

Betterave : Les travaux de récolte avancent malgré des conditions météorologiques parfois difficiles. L’état d’avancement des arrachages est estimé à 50 % fin octobre. Les rendements en betteraves sont révisés à la baisse au regard des résultats décevants constatés en sortie d’usines. On constate une absence de progression des rendements depuis plusieurs semaines sauf faiblement sur le secteur Nord Pas-de-Calais et une partie de la Somme. Les projections en terme de rendement final sont encore compliquées à effectuer.

POMMES DE TERRE

Un marché attentiste et un approvisionnement sous tension

Les conditions météorologiques défavorables en octobre ne permettent pas d’achever les arrachages qui sont avancés à 90-95% en fin de mois. Les travaux se font en emmenant une grande quantité de terre avec les tubercules, ce qui ralentit les cadences et nécessite des opérations de déterrage renforcées, alourdissant les coûts de production. Les parcelles non récoltées à l’heure actuelle semblent être en grande partie occupées par des variétés industrielles.
Dans le secteur de la transformation, le marché du libre est inexistant et certains contrats peinent à être enlevés. Cette tension sur l’approvisionnement se répercute au niveau des lignes de production dont l’activité est ralentie voire suspendue temporairement. Le marché reste très attentiste face aux annonces concernant les mesures sanitaires prises qui contraignent l’activité dans la restauration hors foyer.
Sur le marché intérieur, l’activité est en dents de scie, mais se dynamise avec la baisse des températures et reste animée autour de certaines opérations menées par des enseignes de la distribution (promotions, recettes de saison…).

A l’export, l’essentiel des transactions reste orienté vers l’Espagne et concerne les qualités supérieures difficiles à trouver. Vers les autres destinations (Italie, Portugal, Europe de l’Est…), le commerce est peu actif avec des perspectives peu lisibles sur un marché fortement concurrentiel (origines allemandes essentiellement).

ENDIVES

Les cours profitent d’un marché déséquilibré

Racines : La pluviométrie d’octobre est bénéfique aux racines dont la croissance repart. Les racines arrachées en octobre présentent un calibre irrégulier avec une prépondérance de gros calibres. Outre les problèmes de mise en bac, les grosses racines ne permettent pas la production de jeunes pousses, tendance souhaitée par des producteurs de plus en plus nombreux. Bien que supérieur à la dernière campagne, le rendement au champ s’avère plutôt en-deçà de la normale.
Endives : Les endives produites en octobre sont issues du forçage de racines arrachées en septembre et début octobre qui ont en commun d’être peu productives cette année. Celles de septembre ont connu la sécheresse et celles d’octobre sont arrachées en reprise de croissance. La production d’endives reste donc faible en ce début de campagne.
Côté marché, l’offre restreinte ne satisfait pas une demande qui progresse fortement en octobre. Cette année l’effet saisonnier se double de l’effet Covid et les consommateurs privilégient les produits préemballés. Les prix se maintiennent à un niveau élevé, avec un cours moyen en octobre supérieur de 36 % à 2019 et de 39 % à la moyenne quinquennale.

VIANDE BOVINE

Maintien des cours

Depuis le mois de juin les cotations des femelles les mieux conformées sont relativement stables. Plébiscitée par le consommateur, notamment en temps de crise, la viande d’origine France connait une forte demande qui maintient les cours à un niveau élevé. Ainsi, la cotation moyenne en octobre de la vache R atteint 4,14 €/kg (+12% par rapport à 2019 et 2018).
Profitant de cette dynamique, les cours des vaches les moins conformées n’ont pas, jusqu’ici, connu de réelle baisse saisonnière pourtant habituelle en cette période. En moyenne sur le mois, la vache P cote 2,84 €/kg, soit un cours supérieur de 10 % par rapport à 2019.

Les cours des jeunes bovins restent au plancher, sous la pression du nombre d’animaux à sortir en France et d’un marché européen poussif.
Les abattages régionaux de septembre sont en hausse en volume par rapport à 2019 pour les vaches et les jeunes bovins respectivement de 8,7 % et 15,4 %.

VIANDE PORCINE

Effritement des cours

Les cours s’effritent doucement tout au long du mois d’octobre pour perdre au final 2 centimes. Le cours moyen mensuel s’établit à 1,55 €/kg, en baisse de 18 % comparé à octobre 2019. Sur l’année le prix moyen est en retrait de 3,7 % par rapport à 2019 mais reste supérieur de 11,6 % à celui de la moyenne quinquennale.
Selon l’IFIP-institut du porc, les exportations françaises des 8 premiers mois de 2020 sont en baisse de 4,8 % par rapport à 2019. Les volumes à destination des pays de l’UE diminuent de 9,5 %, alors que les exportations vers la Chine progressent de près de 24 %. Le marché européen, comme le marché intérieur, est impacté par les mesures de lutte contre la Covid19.
Selon Eurostat, les exportations européennes sur la même période sont en hausse de 12,9 %. Les volumes à destination de la Chine y sont majoritaires (54 %) et progressent de 70,5 %.

LAIT

Une collecte qui se stabilise

La collecte régionale de lait de vache en septembre retrouve quasiment le niveau de septembre 2019 (-0,1 %). Sur le territoire national la collecte progresse de 1,1 % pour atteindre son plus haut niveau depuis 2015 grâce à une production en hausse dans les principaux bassins laitiers. La part de lait de vache bio collecté progresse de 6,8 % sur les 9 premiers mois de l’année par rapport à 2019, et représente 2,2 % de la collecte totale régionale, contre 2 % l’an passé. Toutefois, selon l’institut de l’élevage, en France, la demande en produits laitiers biologiques n’est plus aussi dynamique. Les transformateurs doivent composer avec les incertitudes liées à la crise économique et aux modifications des pratiques d’achat des consommateurs et des distributeurs depuis le 1er confinement.
Affiché à 364 €/1000 litres en septembre, le prix moyen du lait de vache payé au producteur en région augmente de 11 € d’un mois sur l’autre. Il demeure cependant inférieur à septembre 2019 de 2,7 % soit une perte de 10 €/1000 litres, pendant qu’à l’échelle nationale le prix moyen est en retrait de 2,2 %.

PÊCHE

Des tonnages en baisse

L’activité de pêche est perturbée en octobre par des conditions climatiques difficiles, avec notamment la tempête Barbara. Les espèces les mieux représentées en pêche côtière demeurent le maquereau, suivi du barbet-rouget et de la seiche. Le merlan et le hareng, poissons de saison hivernale, boudent des eaux littorales encore trop chaudes et n’apparaissent dans les filets côtiers qu’en fin de mois.
Les arrivages de coquilles Saint-Jacques, présentes depuis la semaine dernière, progressent en octobre et intéressent la transformation.
A l’exportation l’offre en seiche apparaît trop abondante face à un marché peu porteur, dirigé principalement vers l’Espagne, et les prix restent bas.
En pêche hauturière le lieu noir domine largement les arrivages.
Jusqu’à l’annonce du reconfinement fin octobre, le marché intérieur reste morose, avec un consommateur prudent devant le durcissement progressif des mesures sanitaires.
En octobre, le tonnage mensuel est en baisse de 22 % par rapport à octobre 2019. En cumul annuel la baisse atteint 7 %. Le cours moyen est stable depuis mai, à un niveau proche de celui de l’année précédente.

MÉTÉOROLOGIE

Un mois pluvieux

En octobre les températures moyennes mensuelles se situent au-dessus des normales, de 0,4°C sur Lille Lesquin et de 1,5°C sur Amiens-Glisy. Les températures minimales de la dernière décade sont particulièrement douces pour la saison. Aucun jour de gel n’est observé durant ce mois.
Les cumuls mensuels de précipitations sont excédentaires de 56% sur Amiens-Glisy et de 65% sur Lille-Lesquin. Les pluies concernent l’ensemble de la région dans la première décade. En fin de mois l’ouest du Pas-de-Calais et les Flandres connaissent des averses fortes et parfois orageuses qui saturent en eau les sols. L’indice d’humidité des sols superficiels redevient excédentaire sur la majorité du territoire régional.

FOCUS DU MOIS

La cartothèque

La Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt met à disposition sur son site internet une cartothèque, sur les différentes thématiques en lien avec l’agriculture, l’agroalimentaire et les territoires de la région. Cette collection est alimentée par les données produites ou collectées par le Service Régional de l’Information Statistique et Économique (SRISE).
Ces données sont issues d’enquêtes, de données administratives ou encore de données économiques.
Pour accéder à la cartothèque :
http://draaf.hauts-de-france.agriculture.gouv.fr/Cartotheque.


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