Conjoncture agricole Hauts-de-France de décembre 2020
Téléchargez la publication
GRANDES CULTURES
La récolte 2021 sous de meilleurs auspices
Les cours du blé se replient en début de mois du fait des bonnes perspectives de récolte dans l’hémisphère sud, avant de repartir à la hausse, suite à l’annonce par la Russie de la mise en place d’une nouvelle taxe à l’export sur son blé.
La Commission européenne révise légèrement à la hausse son estimation de production de blé tendre 2020 en Europe à 116,1 millions de tonnes contre 115,8 Mt estimés le mois dernier.
Pour sa dernière campagne au sein de l’UE, la Grande-Bretagne affiche une production de blé de 9,66 millions de tonnes, d’orges à 8,12 Mt et de colza à 1,04 Mt en repli de plus de 40 % par rapport à l’an passé.
L’Union européenne a exporté à ce jour 11,61 millions de tonnes de blé (en repli de 17 % par rapport à l’an passé à date), dont 1,32 million de tonnes à destination de la Chine. La France demeure le principal exportateur de blé en Europe et ce, malgré la mauvaise récolte de l’année 2020. En effet, selon les chiffres de la Commission européenne, au 7 décembre, ce sont 2,630 Mt de blé français qui ont été exportées vers les Pays tiers sur une prévision d’exportation à 6,950 Mt cette année. L’an passé, à la même date,
4,3 Mt avaient été exportées à cette date, mais avec un total de 13,461Mt exportées en fin de campagne 2019/2020. Fin octobre, selon les chiffres des Douanes françaises, la Chine est devenue la 1ère destination du blé français vers les Pays tiers avec 993 kt exportées, reléguant l’Algérie loin derrière (397,8 kt à date). Viennent ensuite la Côte d’Ivoire, Cuba et le Maroc.
La mise en place de taxes à l’export de blé, décidée par le Gouvernement russe, d’un montant de 25 €/t serait effective à compter du 15 février. Elle s’ajoute au quota export toutes céréales, décidé auparavant pour 17,5 millions de tonnes.
A noter que les exports sont quasiment à l’arrêt en Argentine suite à un mouvement de grève des dockers entamé le 9 décembre.
Récolte 2021
La récolte 2021 s’annonce sous de meilleurs auspices que la précédente.
En France, après des retards de semis, les températures douces du mois de novembre et les précipitations du mois de décembre permettent d’espérer de meilleurs rendements que l’année dernière. Agreste table sur des surfaces de blé tendre à 4,7 Mha, en augmentation de +12,4 %, rattrapant ainsi la baisse des surfaces de l’an dernier. En orges d’hiver, les surfaces sont affichées à 1,26 Mha, en hausse de 6,6 % par rapport à l’an passé. Les surfaces de colza quant à elles sont estimées à seulement 1,13 Mha, en repli de 17 % par rapport à la moyenne 5 ans.
L’Europe a pu bénéficier aussi de conditions clémentes pour les semis d’hiver et les conditions des cultures restent bonnes jusqu’à présent. En Russie, par contre les conditions de cultures continuent d’inquiéter. Après la sécheresse automnale, c’est la faiblesse de la couverture neigeuse qui risque d’être dommageable aux cultures cet hiver.
Le Coceral (organisme représentatif du commerce des grains de l’UE) présente ses premières estimations de production récolte 2021 pour l’UE, incluant la Grande Bretagne. Dans ses estimations l’organisme affiche une production de blé tendre pour l’an prochain à 143 millions de tonnes contre 127,9 Mt en 2020. Cela est la conséquence à la fois d’une hausse estimée des rendements à venir, mais également des surfaces.
POMMES DE TERRE
Marché de la transformation au ralenti
La situation du marché vers la transformation industrielle reste inchangée, en l’absence de transactions sur le marché libre. Seuls les enlèvements sous contrat sont peu ou prou respectés grâce à une activité vers des débouchés alternatifs (flocon, féculerie). Dans ce contexte incertain, la fermeture programmée des usines, pour une durée certainement plus longue qu’à l’habitude, renforce les inquiétudes sur l’évolution qualitative des pommes de terre et les signalements de problèmes de germination se multiplient, malgré l’application des traitements alternatifs au CIPC (chlorprophame). Une baisse des volumes contractualisés pour la prochaine campagne est envisagée.
Le marché intérieur reste calme, malgré des conditions météorologiques propices à la consommation de légumes d’hiver. Des offres sont proposées sur de gros conditionnements en GMS (sac de 10 kg), au détriment d’autres conditionnements plus petits.
A l’export, l’activité ralentit vers la majorité des destinations, y compris vers la principale que constitue l’Espagne. L’Italie questionne sur les lots de qualité uniquement. En cumul depuis le début de campagne (d’août à fin octobre), le niveau des exportations françaises est stable par rapport à l’an passé.
Selon l’UNPT, la production régionale de pomme de terre de conservation s’élève cette année à 4 324 700 tonnes, soit une hausse de 0,9 % par rapport à la récolte 2019.
ENDIVES
Une demande insuffisante
Les rendements s’améliorent encore en décembre et l’endive entre maintenant en campagne d’hiver. L’offre est présente, mais le commerce peu dynamique. La concurrence de la réouverture des commerces non alimentaires pèse sur un marché très calme. Plusieurs opérateurs s’inquiètent de la durée de cette physionomie. Quelques dégagements sont signalés vers les banques alimentaires.
L’absence de dynamisme du marché pèse sur les cours moyens, qui cèdent progressivement en décembre et flirtent avec le niveau de la moyenne quinquennale. À noter le rebond observé en semaine 52, qui met fin à cinq semaines de baisse.
En Belgique et aux Pays-Bas, les prix aux cadrans de producteurs suivent la même tendance.
VIANDE BOVINE
Le cours des femelles profite de la demande soutenue en viande bovine française
La viande bovine française reste plébiscitée par le consommateur en décembre et cette demande soutenue profite aux cours des femelles. Après une dernière cotation de l’année toujours élevée, à 4,13 € HT/kg, le cours moyen annuel de la vache de catégorie R s’affiche à 3,93 € HT/kg, soit une hausse de 5,8 % par rapport à 2019.
Les vaches de moindre conformation achèvent une baisse saisonnière de faible ampleur. Elles bénéficient en outre de la progression des achats au détail de viande hachée. Le cours de la vache de catégorie P est stable en décembre. Le cours moyen annuel, à 2,75 € HT/kg, gagne 2 centimes par rapport à 2019.
Les cours des jeunes bovins progressent légèrement en décembre dans un contexte de forte concurrence sur le marché européen. Les cotations restent bien inférieures aux deux années précédentes. En bilan annuel, le cours moyen 2020 s’établit à 3,84 € HT/kg. Il cède 10 centimes à 2019 et 5 centimes à 2018. Comme point positif on note la quasi résorption du surstock d’animaux en ferme.
VIANDE PORCINE
La tendance baissière s’atténue
La tendance baissière s’atténue en décembre, à la faveur d’une demande plus soutenue, liée aux préparatifs de fin d’année. Le prix en entrée abattoir dans le bassin nord-est s’établit en fin d’année à 1,38 €/kg pour un cours moyen annuel de 1,58 €/kg. La baisse est de 9 centimes par rapport à 2019, la meilleure année en terme de prix depuis 2010. Mais l’année 2020 est en hausse de 8 centimes par rapport à la moyenne quinquennale.
Dans le sillage d’une année 2019 prometteuse, le marché français porcin en 2020 connaît un bon 1er trimestre puis se détériore progressivement sous l’effet de l’épidémie de Covid 19 et de l’apparition de la peste porcine africaine (PPA) en Allemagne et ce, malgré une demande chinoise soutenue.
Sur l’année, les abattages porcins dans les abattoirs régionaux sont en baisse de 3,6 % en volume par rapport à 2019.
Selon l’IFIP, le bilan des exportations françaises à fin octobre est en repli de 6,1% en volume par rapport en 2019. Celles à destination de la Chine, où la demande reste importante, progressent cependant de 24 %.
LAIT
Hausse saisonnière timide de la collecte et baisse saisonnière accentuée des prix
En novembre, la collecte régionale de lait de vache poursuit timidement sa hausse saisonnière, mais reste toujours en retrait par rapport à novembre 2019 (-1,1%). Cette tendance baissière se retrouve à l’échelle nationale (-0,4 %) et affecte la majeure partie des bassins laitiers, à l’exception des 2 principaux, le Grand Ouest et la Normandie.
Sur la même période, le prix du lait de vache payé au producteur en région cède 16 € sur le mois, à 349 € HT/1000 litres et s’inscrit en retrait de 8 € sur un an.
En cumul de janvier à novembre, la collecte régionale 2020 est inférieure de 1 % à celle de 2019, alors que la collecte française serait en hausse 0,6 %. La collecte européenne progresse peu en novembre et devrait terminer l’année 2020 avec une croissance proche de 1,4 %.
PÊCHE
La coquille Saint-Jacques à l’honneur
En pêche côtière, le merlan et le hareng dominent dans les filets mais se négocient à des niveaux de prix bien inférieurs à 2019. Le maquereau, dont les quotas de pêches ont été atteints sur les côtes anglaises, s’échange par contre à un bon niveau, supérieur à celui de 2019.
Les apports en coquille Saint-Jacques sont conséquents ce mois-ci, avec un tonnage en progression de 27 % et un cours qui double par rapport à décembre 2019.
A l’approche des fêtes de fin d’année, les bateaux ciblent certaines zones de pêches, pour capturer des espèces plus en adéquation avec une demande de poissons plus nobles, dont la lotte ou encore la sardine franche, au détriment des filets traditionnels.
En pêche hauturière, les débarques sont constituées de lieu noir et de lieu jaune, ainsi que de merlan en provenance des eaux scandinaves. À l’export, la demande est forte de la part des marchés espagnol et italien pour la coquille et l’encornet.
L’activité s’arrête en semaine 52, en raison des fêtes de fin d’année.
Décembre 2020 est à nouveau déficitaire en tonnage par rapport à décembre 2019 alors que le niveau de prix reste comparable. En bilan annuel le volume des ventes facturées en halle baisse de 7 %, avec un cours moyen en retrait de 3 %.
L’accord post-Brexit, conclu le 24 décembre, prévoit de laisser aux pêcheurs européens un accès aux eaux britanniques pendant une période transitoire de cinq ans et demi, jusqu’en juin 2026. Pendant cette période, l’UE devra progressivement y renoncer à 25 % de ses quotas.
MÉTÉOROLOGIE
Doux et pluvieux
En décembre, les températures sont restées supérieures à la normale de près de 2° C. Avec un maximum de 6 jours en dessous du zéro relevés dans l’Aisne, les jours de gel ont été peu nombreux et peu intenses pour un mois de décembre. Hormis en mars et juillet, les températures moyennes mensuelles s’affichent toujours supérieures aux normales de saison et font de 2020 l’année la plus douce de la décennie qui s’achève.
Décembre revêt un caractère pluvieux, avec des précipitations conséquentes dans la dernière décade. Le département de l’Oise est le plus arrosé avec un excédent de 62,6 % alors qu’il n’est que de 23,1 % dans le Pas-de-Calais. L’indice d’humidité des sols superficiels est partout supérieur aux normales fin décembre.
FOCUS DU MOIS
Le recensement agricole
Le recensement agricole est une opération décennale européenne qui existe depuis 1955 et qui se déroule cette année jusque fin mars 2021. Tout exploitante et exploitant agricole est invité(e) à répondre à cette enquête qui est une obligation citoyenne. Des enjeux forts y sont associés : actualiser les données sur l’agriculture française et fournir une photographie précise et exhaustive du monde agricole et de sa diversité constituent des références primordiales pour le pilotage des politiques publiques et pour les travaux d’études et de recherche.
Deux modes de collecte
Environ 450 000 exploitants sont interrogés sur diverses thématiques : les caractéristiques générales de l’exploitation, les productions végétales et animales, la diversification des activités ou encore la commercialisation des productions… Le questionnaire aborde aussi des enjeux actuels de l’agriculture française comme l’engagement dans des démarches environnementales ou la commercialisation via de nouveaux types de circuits courts.
Le recensement 2020 inaugure la collecte par internet pour trois-quarts des exploitations. Le quart restant, basé sur un échantillon représentatif, reçoit la visite d’un enquêteur pour répondre à un questionnaire plus détaillé. Ce dernier aborde notamment l’engagement des exploitations dans des collectifs, les besoins de main d’oeuvre ou encore les conditions de travail des agriculteurs…
27 000 entreprises agricoles recensées en Hauts-de-France
Toute entreprise ayant un numéro Siret actif et une activité principale rattachée au monde agricole est interrogée. L’institut de sondage, Ipsos pour les Hauts-de-France, recense les exploitations via internet. Les 51 enquêteurs de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf), se déplacent, sur le terrain, afin de collecter toutes les informations auprès d’un échantillon d’exploitants en face-à-face. En cette période de crise sanitaire, les enquêteurs veillent à appliquer tous les gestes « barrière » pendant l’entretien. Les exploitants sollicités reçoivent auparavant un courrier, et un courriel le cas échéant, pour leur indiquer quand et comment ils seront enquêtés.
Au 18 janvier 2021, sur les 27 000 exploitations de la région, 74 % des 6 000 exploitations enquêtées en direct ont déjà reçu la visite d’un enquêteur et 61 % des 21 000 questionnaires en ligne ont été remontés par les exploitants.
Des données collectées confidentielles et anonymisées
Les résultats du recensement agricole 2020 seront rendus publics à partir de la fin de l’année 2021, afin que tous les acteurs du monde agricole et le grand public puissent mieux connaître l’agriculture dans sa diversité. Les données individuelles collectées sont confidentielles. Les résultats seront agrégés et anonymisés. Ils seront utilisés à des fins exclusivement statistiques ou pour des travaux de recherche scientifique ou historique.
Chacun de vous compte, on compte sur vous !
Pour en savoir plus :
https://agriculture.gouv.fr/recensement-agricole-2020
https://www.ra2020-ipsos.fr/