Conjoncture agricole Hauts-de-France de mai 2020

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GRANDES CULTURES

Bon niveau de prix soutenu par des inquiétudes sur la prochaine récolte

En mai, les cours du blé fléchissent mais conservent un niveau élevé autour des 200 €/t. Ce bon niveau de prix est porté par une activité encore soutenue à l’export pour la campagne actuelle et par des inquiétudes sur la prochaine récolte, confrontée à des conditions météorologiques sèches sur une grande partie de l’Europe.
Dans son dernier rapport mensuel, FranceAgriMer révise à la hausse la prévision d’exportations vers les pays tiers à 13,3 Mt, contre 13,2 le mois précédent, en raison des performances réalisées à destination de la Chine, mais aussi du Maroc et de l’Algérie, destinations phares du blé français. Le stock de report est néanmoins revu en hausse à 2,9 millions de tonnes contre 2,6 millions estimés le mois dernier, pour tenir compte d’un affaiblissement du marché intérieur. Pour sa part, la Commission européenne porte début mai son estimation d’exports de blé tendre pour cette campagne à 31,8 millions de tonnes contre 30 millions estimés le mois dernier.

Pour l’orge, France AgriMer a revu à la hausse les exportations à la fois vers les pays de l’UE et vers les pays tiers. La Chine apparaît comme une destination phare pour l’orge française et pourrait bien le rester en raison de tensions entre la Chine et l’Australie.
En France, le déficit hydrique persiste en mai et concerne une grande moitié nord du pays. Le manque d’eau est également préoccupant dans le nord de l’Europe, ainsi qu’en Roumanie et au sud de l’Ukraine.
Selon le service prévisionniste européen Monitoring Agricultural ResourceS (MARS), le rendement en blé tendre pour la prochaine récolte en Europe pourrait s’afficher à 5,72 t/ha, soit un repli de – 4,7 % par rapport à l’an passé, et de – 0,9 % par rapport à la moyenne des rendements sur 5 ans. Celui de l’orge est estimé à 5,63 t/ha, en repli de -5,5 % par rapport à l’an passé.
État des cultures en région
Selon Céréobs au 31 mai les conditions des cultures en région sont stables par rapport à la semaine précédente mais inférieures à celles de fin mai 2019. Elles sont jugées bonnes à excellentes à hauteur de 78 % pour l’orge d’hiver (vs 87 % année n-1), de 65 % pour le blé tendre (vs 96 % année n-1) et de 51 % pour l’orge de printemps (vs 91 % année n-1). Les stades sont en avance d’une semaine à 10 jours pour le blé tendre et l’orge d’hiver par rapport à 2019 et à la moyenne quinquennale, mais affichent un léger retard pour l’orge de printemps.

POMME DE TERRE

Léger regain d’activité sur le marché du frais

La physionomie du marché de la pomme de terre d’industrie reste inchangée par rapport au mois d’avril avec la plupart des lignes de transformation à l’arrêt, à l’exception des lignes concernant les frites surgelées et les flocons pour les GMS. Peu de transactions avec des usines qui se limitent aux enlèvements contractualisés. La campagne de transformation sera prolongée sur les mois de juillet et août. Il existe une demande vers l’alimentation animale mais avec des prix peu rémunérateurs. Le marché du frais regagne en activité avec des approvisionnements réguliers vers la grande distribution et le commerce de proximité.
Le consommateur est attiré par l’offre en pommes de terre nouvelles, qui se met progressivement en place. Les grossistes profitent de la réouverture des marchés de plein vent et l’augmentation de l’activité des ventes à emporter. Les cours restent stables. À l’export, la campagne s’achève avec une activité de plus en plus réduite. Les dernières expéditions concernent l’Angleterre, les pays de l’Est, l’Espagne et le Portugal, en concurrence avec la récolte des primeurs dans la péninsule ibérique. Concernant la nouvelle campagne, les plantations sont terminées et les levées ont rapidement suivi. Les effets de la sécheresse sont perceptibles en fin de mois avec des cultures qui marquent le pas.

VIANDE BOVINE

Reprise des cours des vaches de réforme

La fin du confinement, effective depuis le 11 mai, avec la réouverture de drives et de services de livraison par la restauration commerciale, favorise une reprise des cours, qui profite aux vaches de réforme.
La cotation de la vache P regagne 14 centimes sur le mois à 2,82 €/kg mais reste inférieure de 2 % au cours de 2019. La cotation de la vache R reprend 16 centimes à 3,88 €/kg et dépasse le niveau de 2019 de +3 %. Le cours des jeunes bovins (U) reste sous-pression et progresse d’un centime.
Selon l’IDELE, en 2019, près de 40 % des volumes abattus dans l’Union européenne sont échangés entre États membres, avec cinq pays qui fournissent 70 % des exportations intra-européennes : Pays-Bas, Irlande, Pologne, Allemagne et France.

VIANDE PORCINE

Arrêt de la baisse des cours en fin de mois

Le cours du porc poursuit sa baisse en mai, avant de se stabiliser en dernière semaine, à 1,54 €/kg, soit une baisse de 22 centimes sur le mois. Il passe sous le niveau de 2019 mais le cours moyen depuis janvier reste encore supérieur de 15 % à celui de la campagne précédente à la même date.
La demande intérieure demeure limitée par les mesures de confinement, ainsi que par la présence de trois jours fériés dans le mois. La fluidité du marché en est affectée, avec pour conséquences une augmentation des stocks et une hausse des poids moyens.
Selon le marché du porc breton (MPB), ailleurs en Europe, la baisse des cours s’est poursuivie en début de mois jusqu’à 10 cts en Allemagne, 14 cts du kg vif en Belgique, 13 cts aux Pays-Bas, alors que la demande reste atone à l’intérieur comme à l’export, contraignant à des stockages réfrigérés, jusqu’à la limite des capacités.
En cumul de janvier à avril, les abattages de porcs en région diminuent de 2 940 têtes par rapport à 2019, soit une baisse en poids de 2,7 %.

ENDIVES

Semis et levées retardés par la sécheresse

Campagne 2019/2020 : La saison se termine fin avril avec quinze jours d’avance et se poursuit en mai avec une production mesurée en endive d’été. Ce rythme sera conservé jusqu’au démarrage de la prochaine campagne.
La campagne qui s’achève est jugée bonne, très favorable en terme de prix et moyenne en terme de rendement. La production est estimée en baisse de 9 % par rapport à la campagne précédente.
Campagne 2020/2021 : Les semis ont débuté en avril sous bâche, puis se sont poursuivis en mai, dans des conditions de sécheresse de plus en plus marquées et ne sont pas achevés fin mai. Si les levées sont correctes pour les premiers semis, elles sont inexistantes pour ceux réalisés depuis début mai. La période propice aux semis se termine vers la mi-juin et les producteurs espèrent un retour rapide des pluies d’ici-là. Les surfaces sont stables avec un engouement pour la production de jeunes pousses.

LAIT

Recul de la collecte et prix en baisse

En avril, les livraisons régionales de lait de vache reculent à nouveau de 3,3 % par rapport à avril 2019, conséquence d’une production herbagère ralentie par le temps sec et chaud. La baisse du cheptel laitier, ainsi que les incitations à la modération de la part des transformateurs participent également à cette baisse. La collecte marque aussi le pas au niveau national, alors que son évolution demeure positive dans l’Union européenne.
Affiché à 344 €/1000 litres en avril, le prix moyen du lait payé au producteur poursuit sa baisse saisonnière. Il se situe pour la première fois depuis décembre 2018, sous le niveau de l’année précédente avec un repli de 0,9 %. En France, la consommation des produits laitiers en avril est moins dynamique qu’en mars. Pendant le confinement, les achats supplémentaires de produits laitiers ont été globalement supérieurs, au moins en volume, aux faibles ventes en restauration hors domicile.

PÊCHE

Timide reprise de l’activité

Ce mois-ci une partie de la flotte côtière est restée au port pour maintenance pendant que les autres bateaux s’éloignaient des côtes pour rejoindre la mer du Nord en quête de maquereau. Les arrivages sont réguliers et conséquents et répondent à une demande de consommation en poissons à griller stimulée par le déconfinement et une météo estivale. Son prix, supérieur à 3 €/kg en début de mois, s’affiche à 1,50 €/kg fin mai.
Avec 2 rotations hebdomadaires, la pêche hauturière assure des débarques régulières, constituées principalement de lieu noir, dont le prix reste invariable depuis plusieurs semaines aux alentours de 1,50 € HT/kg. Le cabillaud et la julienne complètent la palette variétale.
Globalement le commerce est tiré par la grande distribution et, à partir de la mi-mai, par une timide reprise de l’activité des grossistes pour satisfaire les besoins de certains acteurs du marché. Cependant la phase de déconfinement rend le marché attentiste et prudent face au changement de comportement des consommateurs.
En mai, les tonnages débarqués s’avèrent inférieurs à ceux de mai 2019 alors que le prix moyen progresse de 3 %. Sur les cinq premiers mois de l’année, en comparaison avec 2019, la baisse cumulée des volumes atteint 15 % et le cours moyen est en recul de 5 %.

MÉTÉOROLOGIE

Mai remarquablement sec et ensoleillé

Les conditions anticycloniques dominent sur la région en mai, installant un temps remarquablement sec et ensoleillé dans un courant de nord-est dominant. Les températures sont à nouveau supérieures à la moyenne mais restent proches des normales de saison. Avec des hauteurs de pluie très faibles, seulement 4,2 mm relevés à Lille et 14,8 mm à Amiens, le déficit est de l’ordre de 80 % en région, variant de 60 % au sud à plus de 90 % au nord. L’assèchement des sols se poursuit et s’accentue en mai.
Les températures moyennes du mois sont supérieures aux normales de 0,7°C et 1,2°C respectivement sur Amiens et Lille. On observe des minimales conformes aux valeurs de saison, sans jour de gel, mais des maximales plutôt élevées.

FOCUS DU MOIS

L’élevage et l’abattage porcin en Hauts-de-France en 2019

Le cheptel porcin des Hauts-de-France comprend 620 000 animaux élevés dans 670 exploitations. Il représente 5 % du cheptel français, loin derrière la Bretagne qui en détient plus de la moitié. Quatre élevages sur cinq sont situés dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, avec une forte concentration dans la petite région agricole de la Flandre intérieure. En termes de volume, le porc représente un tiers de la viande produite par les 18 abattoirs de la région. Les 9 abattoirs qui ont abattu des porcins en 2018 sont surtout situés dans la moitié nord de la région, de même que les établissements qui travaillent dans l’industrie de la viande. La région exporte nettement plus de porcins vivants qu’elle n’en importe, contrairement à la viande et aux produits à base de viande. Elle les expédie vers la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas.

Pour en savoir davantage : Les Hauts-de-France, cinquième région de France pour l’élevage porcin

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