Conjoncture agricole Hauts-de-France de juin 2020

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GRANDES CULTURES

Des prix sous pression à l’approche d’une récolte annoncée moyenne

En juin, les cours mondiaux du blé tendre cèdent du terrain sous l’effet récolte dans l’hémisphère nord, dans la perspective d’un bilan mondial relativement lourd. Les cours des orges sont également sous pression, avec un ralentissement de la demande fourragère. Le maïs connaît quant à lui un regain d’intérêt, dans le sillage de la reprise des cours du pétrole et de l’éthanol et dans un contexte de vague de chaleur sur la « Corn Belt » aux USA. Le soja et le colza reprennent également de la valeur, le premier sur fond de déconfinement progressif et de détente des relations Sino-Étasuniennes, le second en cohérence avec l’évolution du pétrole, du canola et du palme. Malgré l’effondrement de la demande en biocarburant, le volume des graines triturées est quasi stable, ce qui permet une alimentation normale en tourteaux.

Le total de blé tendre exporté par l’Union européenne au 21 juin est de 33,2 Mt, proche du record de 33,3 Mt de la campagne 2014-2015. En orges, ce total est de 7,1 Mt. L’évolution par rapport à la campagne précédente est identique pour les deux, en progression de +64 %. La concurrence des origines du bassin de la mer Noire est toujours forte. Pour preuve, le blé produit dans ce bassin a obtenu la faveur du GASC (General authority for supply commodities), l’organisme égyptien en charge des achats de céréales lors du récent appel d’offre lancé par l’Égypte sur la campagne 2020-2021. Les importations de maïs par l’Union européenne sont en recul sur la campagne 2019-2020 à 19,1 Mt. Selon les Douanes françaises, les exportations nationales de colza sont proches de 900 000 t en avril, à un niveau inférieur à ceux des trois campagnes précédentes à la même date.

Sur le marché intérieur, le blé français est moins employé que le mois précédent par l’amidonnerie et les fabricants d’aliments du bétail, qui lui préfèrent le maïs. A l’inverse, la demande pour la panification rebondit avec la levée progressive des mesures de confinement.

Sur le terrain, la récolte 2020 des céréales s’annonce plus précoce que celle de 2019. Le Comité régional des grandes cultures (CRGC), réuni le 26 juin, estime un recul de la production, ainsi que de la qualité globale pour le blé tendre et les orges, en particulier celles semées au printemps. Ainsi, le réseau Céré’Obs estime à cette date les niveaux « bon et très bon » à 65 % pour le blé tendre, 78 % pour l’orge d’hiver et 50 % pour l’orge de printemps. Pour mémoire, les proportions respectives de ces trois productions l’an dernier dans la même catégorie étaient de 87 %, 85 % et 90 %. De fortes disparités sont néanmoins à prévoir en fonction des secteurs, selon la qualité et l’hydromorphie des sols.

POMME DE TERRE

Prolongation estivale d’une campagne atypique

Les effets de la pandémie du covid19 pèsent lourd sur le déroulement de la campagne 2019-2020. L’arrêt de la consommation hors foyer pendant la période de confinement a contribué à la constitution de stocks importants. L’activité de transformation, prolongée sur les mois de juillet et août, permet d’absorber une partie des stocks résiduels. L’État met en place un dispositif d‘accompagnement pour les dégagements vers des débouchés alternatifs (alimentation animale, méthanisation, compostage). Sur le terrain, les surfaces, implantées dans de bonnes conditions météorologiques, sont stables à très légèrement haussières, les achats de plants ayant été contractualisés avant la crise sanitaire.

VIANDE BOVINE

Forte hausse du cours de la vache allaitante

Vaches : Après la baisse du mois dernier, les abattages de vache allaitante repartent à la hausse de 9 % sur les 3 premières semaines de juin. Il en est de même pour les vaches laitières de réforme (+7 % en juin). Pour rappel, les cheptels allaitant et laitier affichent des baisses respectives de -1,9 % et -1,8 % en mai.

Jeunes bovins : A l’instar des vaches, notamment laitières, les abattages de jeunes bovins ont repris leur progression en juin (+ 5 %). L’offre, qui reste néanmoins faible, laisse entrevoir la possibilité de résorber pendant l’été le stockage excédentaire constitué durant la période de confinement.
Au niveau des prix, les stocks de viande de jeunes bovins pèsent sur le cours moyen, qui se maintient avec difficulté sous le niveau de 2018 à même date. Le cours de la viande de vache laitière de réforme reste stable après sa remontée post-confinement. Il s’affiche au niveau atteint en 2019 à pareille date. Le cours de la vache allaitante progresse rapidement et fortement, à la faveur de la réouverture de la RHD.

VIANDE PORCINE

Le cours se stabilise proche de sa moyenne quinquennale

Les effets de la crise liée à la pandémie du covid19 se font encore sentir. A l’export notamment, des mesures persistent ou émergent telles que l’exigence de certificats médicaux, pour le personnel des établissements exportateurs à destination de la Chine. Néanmoins, l’activité a repris avec le déconfinement progressif. Le poids moyen de carcasses, en augmentation en mai en raison des semaines entrecoupées de jours fériés, diminue en juin d’environ 1,4 kg, avec la reprise d’une activité plus régulière tout au long de la filière. Les prix moyens du porc charcutier en entrée abattoir sont stables, sur le plan national comme sur le plan régional. Les éleveurs des Hauts-de-France obtiennent un prix moyen en juin voisin de 1,54 € HT/kg, qui frôle la moyenne quinquennale, contre 1,35 € HT/kg au niveau national. Ces niveaux sont inférieurs à ceux de 2019 à la même date de 9 % dans les Hauts-de- France et de 11,5 % au plan national. Sur les marchés internationaux, l’Espagne creuse l’écart parmi les pays européens exportateurs et les USA et le Brésil sont de solides concurrents, en raison de leurs prix actuellement très bas, vers un marché chinois toujours très largement importateur.

CHOU-FLEUR

Un début de saison correcte

Après une entrée remarquée à un niveau très élevé, le cours moyen du chou-fleur régional entame une forte baisse, avant de se reprendre en fin de mois au-dessus de la valeur de la campagne précédente à la même date, puis de venir tutoyer la moyenne quinquennale toujours à la même date. Le commerce est correct depuis le début de la campagne, en particulier grâce à la bonne qualité de la production régionale, qui est au rendez-vous. Les effets de la crise sanitaire se font ressentir par un manque de personnel, ce qui limite la mise sur le marché de la production en début de saison. Le marché est régulier sans excès car les conditions météorologiques variables influencent le consommateur.

LAIT

Collecte en repli sur le début de la campagne

En mai, le repli de la collecte se confirme en région Hauts-de-France. Avec 20 269 hl, soit presque 150 hl de moins que le mois précédent, la collecte mensuelle de lait de vache s’établit à - 1,29 % du total relevé en mai 2019. Le prix moyen payé au producteur en région (lait bio et non bio confondus) est également en repli à 337 € pour 1000 l, soit 7 € pour 1000 l de moins qu’en avril 2020 et 6 € de moins pour 1000 l par rapport au prix moyen payé en mai 2019, équivalent à un recul du prix mensuel de - 1,75 % par rapport à celui de mai 2019.
Les mêmes tendances de repli en volume collecté et en prix payé sont observées au niveau national. La reprise de la restauration hors foyer, dans le cadre du déconfinement progressif à partir du 11 mai, s’effectue timidement et ne permet pas encore de mesurer son incidence sur la consommation des stocks.

PÊCHE

La GMS reste le moteur du marché

Durant les trois premières semaines du mois, avec des conditions météorologiques favorables, la mer du Nord s’affiche comme la zone privilégiée par les pêcheurs de Boulogne-sur-Mer. Ils y prélèvent du maquereau, prisé des fileteurs comme des consommateurs. Son cours est assez volatil en début de mois, variant de 1,50 € HT/kg à 3 € HT/kg selon les débarques, avant de s’équilibrer autour de 2,40 € HT/kg. L’espèce phare du moment est complétée par le merlan, lequel est en quantité insuffisante pour satisfaire la demande. Son cours s’en trouve soutenu, proche des 2 € HT/kg.
La pêche côtière fournit des espèces à griller, telle la sardine, qui rencontrent elles aussi du succès en ce mois de juin. La pêche hauturière apporte lieu noir, cabillaud et julienne avec une assez bonne régularité. L’import est essentiellement constitué de flétan, de sébaste et de lieu jaune. A l’export, la seiche et le barbet recueillent la faveur des clients habituels des pêcheurs boulonnais, notamment les italiens. La dernière semaine du mois marque une rupture des pêches en mer du Nord et un recentrage de l’activité vers la côte. Durant ce mois de juin, la GMS reste clairement le moteur du marché, quand la reprise de la RHD s’opère timidement et de manière irrégulière, au grand dam des espèces nobles prises dans les filets.

MÉTÉOROLOGIE

Premiers pics de chaleur et retour des pluies

Les températures restent supérieures aux normales de saison durant le mois de juin, en moyenne mensuelle, de + 1,5°C dans le nord de la région et de + 1,6°C dans la partie sud. Les premiers pics de chaleur apparaissent en tout début de mois et pendant quelques jours au cours de la dernière semaine, durant lesquels ils dépassent les 30°C en phase diurne. Durant ce dernier épisode, les températures nocturnes relevées sont bien supérieures aux valeurs normales.

Les pluies font leur retour, davantage sous forme orageuse que diffuse.

De forts cumuls sont relevés à une seule reprise au niveau de la station d’Amiens-Glisy, le 18 juin et à quatre reprises à Lille-Lesquin, les 5, 17, 26 et 30 juin. Ces précipitations sur un court laps de temps n’ont pas d’efficacité d’un point de vue agronomique et engendrent même localement quelques coulées de boues. Globalement, juin reste déficitaire en cumul de précipitations dans le sud de la région (- 44,6 %) et dépasse de peu la normale dans la partie nord (+ 11,7 %). Le caractère aléatoire et dispersé des pluies profite à certains secteurs quand d’autres demeurent soumis à un stress hydrique.

FOCUS DU MOIS

La ferme Hauts-de-France


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