Conjoncture agricole Hauts-de-France de juillet-août 2020

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GRANDES CULTURES

Des productions nationales en baisse mais de qualité

Selon le conseil international des céréales, la production mondiale de blé est équivalente à celle de la précédente campagne.
Dans l’hémisphère sud, l’Australie connaît des conditions de cultures excellentes avec le retour des pluies alors que l’Argentine est confrontée à des conditions sèches qui perturbent les semis.
Dans l’hémisphère nord, la récolte russe devrait atteindre 82 Mt alors que la production européenne de blé est décevante. La Commission européenne estime la production 2020/2021 de l’UE à 27 en blé tendre à 113,5 millions de tonnes (contre 130 Mt la campagne précédente) et en orge à 54 Mt (contre 55,5 Mt la campagne précédente).
Selon Agreste, la production française de blé tendre est estimée à 29,5 Mt fin août (vs 39,5 Mt en 2019). Selon FranceAgriMer, le blé produit est de bonne qualité : 42 % du blé est « premium » (taux de protéines supérieur à 11,5 %, force boulangère supérieure à 170, poids spécifique supérieur à 77 gr et indice de chute Hagberg supérieur à 240), et 35 % du blé collecté est « supérieur ».
Les cours mondiaux du blé sont inscrits à la hausse en début d’été avant de s’inscrire en repli à partir de la mi-juillet. Ils bénéficient des incertitudes sur les volumes de la récolte en cours et de la demande soutenue des pays importateurs qui en découle avant de subir les dynamiques d’exports des Etats-Unis et de la Russie.

La progression de l’euro face au dollar (+ 6,2 % en deux mois) pénalise les origines européennes à l’export dont l’activité vers les pays-tiers reste peu dynamique.
Depuis le 1er juillet, l’Union européenne a expédié 2,9 Mt de blé (5,2 Mt l’année passée) et 1,4 Mt d’orge (1,7 Mt l’année passée).
Au sein de l’UE, la France est concurrencée par les blés allemands, polonais ou baltes pour les exports vers les pays-tiers. Depuis le 1er juillet dernier, les exportations françaises pays-tiers de blé se sont affichées à seulement 709 kt (contre 1,32 Mt un an plus tôt) et 682 kt d’orge, les plus faibles volumes depuis dix ans. A noter que la moitié de ces exportations en blé et orge sont à destination de la Chine, la France tirant profit des tensions diplomatiques entre la Chine et l’Australie.

État des cultures en région

Céréales-Oléoprotéagineux : Une production en baisse mais de qualité
Cette campagne 2020 est marquée par un régime hydrique très contrasté, avec des précipitations exceptionnelles de mi-octobre à mi-mars suivies par une sévère sécheresse qui perdure fin août.
Les excès d’eau perturbent les conditions de semis et d’implantation des cultures d’hiver avec pour conséquence principale une baisse des emblavements. Le déficit hydrique est à l’origine d’un stress qui affecte le niveau de rendement.
Le bilan des récoltes en région est détaillé en dernière page du document.

Betteraves : La surface cultivée est en baisse de 2,2 % par rapport à 2019. Les rendements seraient équivalents à la moyenne quinquennale pour le Nord et le Pas-de-Calais, mais en baisse de 14 % dans la Somme, de 15 % dans l’Aisne et de 25 % dans l’Oise. Cela correspond à une baisse de plus de 9 % à l’échelle régionale par rapport à la dernière campagne, avec un gradient nord/sud reflétant l’impact de la pression jaunisse transmise par les pucerons et de la sécheresse.

Pomme de terre : Malgré les recommandations de la filière, les sur faces en pomme de terre de consommation progressent à nouveau de 5 % en région. Les conditions climatiques chaudes et sèches activent la senescence des plants mais garantissent une faible pression mildiou. Les rendements, particulièrement hétérogènes cette année, se situeraient en dessous de la moyenne quinquennale. Les premiers arrachages débutent en région pour les variétés à chair ferme.

Maïs : La surface régionale de maïs progresse de 40 % pour le grain et de 6 % pour le fourrager. Il s’agit d’une culture fortement impactée par la sécheresse de printemps. Les travaux d’ensilage devraient démarrer à partir de la mi-août.

CHOU-FLEUR

Une offre très régulière et des prix corrects

La saison de production régionale de chou-fleur se poursuit sans encombre en juillet-août. La seconde rotation culturale démarre début juillet avec la mise en place de voiles de protection sur les jeunes plants pour limiter les dégâts causés par les animaux. L’épisode de canicule de début août bloque temporairement le développement des plants sans affecter dans l’immédiat la production.
Le marché demeure fluide avec une production stable permettant une offre très régulière et bien maîtrisée. Aucune opération de retrait n’a été nécessaire depuis le début de campagne. La concurrence bretonne n’intervient qu’en fin de mois d’août.
Les cours varient fortement d’une semaine à l’autre mais restent d’un bon niveau. Le cours moyen depuis le début de campagne est inférieur de 3 % à la campagne précédente mais supérieur de 5 % à la moyenne quinquennale sur la même période. Fin août la campagne est avancée à près de 70 % et devrait prendre fin vers la mi-octobre.

VIANDE BOVINE

Cours élevé pour la vache bien conformée

Vaches : Après la hausse importante observée en juin 2020, les abattages régionaux diminuent de 13 % sur le mois de juillet tout en restant supérieurs à juillet 2019, de 4 % pour les laitières et de 9 % pour les allaitantes. La production de janvier à juillet progresse de 6,2 % entre 2019 et 2020.

Jeunes bovins : Le niveau des abattages en région reste élevé en juillet (+26 % par rapport à 2019) et participe à la résorption du surstock en ferme.
Au niveau des prix, après une progression rapide en juin avec l’ouverture progressive de la restauration hors domicile le cours de la vache allaitante (cat R) se maintient autour de 4,15 €/kg, à un niveau supérieur de plus de 10 % aux deux années précédentes. Celui de la vache laitière (cat P) est stable depuis 13 semaines, autour de 2,86 €/kg, un niveau intermédiaire entre les deux dernières années. L’engorgement du marché pèse sur le cours de la viande de jeune bovin qui s’effrite à nouveau au mois d’août (-4 centimes/kg).

VIANDE PORCINE

Les cours ne profitent pas du creux de production

La période du 14 juillet au 15 août correspond habituellement au creux annuel de production. Cette année, les cours accompagnent ce phénomène par un recul de 6 centimes début juillet aussitôt repris à partir du 15 août lorsque la demande reprend. Affiché à 1,53 €/kg fin août, le cours moyen du porc en région retrouve son niveau de fin juin. Ailleurs en Europe la stabilité prévaut.
Selon l’institut du porc (IFIP), les exportations françaises sur les six premiers mois 2020 sont en repli par rapport à 2019 tant vers les pays de l’UE (-7 %) que vers les pays-tiers (-2,2 %), mais conservent cependant un solde positif vers la Chine (+17,9 %). Les exportations vers les pays-tiers de l’UE sur cette même période sont en hausse de 10,8%.
L’activité d’abattage du mois de juillet en région recule en volume de 5,8 % par rapport à juillet 2019. La baisse est de 1,7 % en cumul sur les 7 premiers mois de l’année.

LAIT

Rebond de la collecte en juillet

Après deux mois consécutifs de baisse, la production régionale de lait de vache rebondit en juillet en progressant de près de 1% par rapport au mois de juillet 2019. L’impact des conditions sèches observées depuis le printemps, particulièrement accentuées en juillet, reste jusqu’alors limité sur la production de lait.
Le prix moyen du lait payé au producteur reste en repli en juin avant d’amorcer sa remontée saisonnière en juillet avec une hausse de 3 % sur un mois et de s’afficher à 342 €/1 000 litres. L’écart avec la campagne 2019 se creuse avec un différentiel de -3,2 % en juin puis -2,8 % en juillet, représentant une baisse de 10 euros pour 1 000 litres.
La production laitière reste bien orientée en ce début de campagne sur les principaux bassins de production, dont l’UE où elle progresse de 1,9 % en juillet par rapport à 2019.

PÊCHE

Bonne reprise de l’activité en août

Avec l’arrêt technique des bateaux, l’activité de pêche côtière et hauturière se restreint. Les volumes débarqués sont faibles et peu diversifiés. La demande estivale est elle aussi en baisse conduisant à l’équilibre du marché et à une stabilité des cours. Avant une reprise d’activité sensible à partir du 15 août, les fileteurs et autres transformateurs se tournent vers les espèces importées. Le lieu noir, issu de la pêche hauturière, domine nettement dans les filets cet été. En juillet, le merlan, la seiche et la sardine sont les espèces les plus représentées en pêche côtière. En août, les arrivages de maquereau progressent fortement au détriment du merlan.
En août, pour la première fois de l’année, le tonnage mensuel s’avère supérieur à celui de 2019. En cumul annuel de janvier à août, le tonnage 2020 reste inférieur de 11 % à celui de 2019 sur la même période. Le cours moyen est stable depuis mai, à un niveau identique à celui de l’année précédente.

MÉTÉOROLOGIE

Juillet sec et août chaud

Les précipitations du mois de juillet sont déficitaires, particulièrement dans le sud de la région avec des records de sécheresse battus dans l’Oise et l’Aisne. Le déficit moyen est estimé à 63 % sur la région. En août les pluies sont de retour avec des cumuls proches de la normale. Souvent distribuées sous forme orageuse, les précipitations sont cependant très contrastées sur le territoire régional. Au 31 août, l’indice d’humidité des sols superficiels est nettement déficitaire dans l’Aisne, l’Oise et l’Est du département du Nord alors qu’il redevient positif sur l’Ouest de la région.
Côté températures, le thermomètre est resté proche des normales en juillet, excepté le pic de chaleur exceptionnel du 31. En août, la température moyenne mensuelle est supérieure à la normale de 2,8°C.

FOCUS DU MOIS

Bilan des récoltes en Hauts-de-France

Blé tendre : En région, la surface cultivée baisse de 7 % par rapport à la campagne précédente et concerne tous les départements. Le rendement moyen (87 q/ha) perd 7 points par rapport à l’an dernier mais demeure au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. A noter que les rendements sont particulièrement hétérogènes cette année, pouvant varier du simple au triple. Sur cette base la production régionale atteindrait 6,6Mt soit une baisse de 15 % (-1,1 Mt) par rapport à 2019.
La qualité est au rendez-vous avec des poids spécifiques très élevés (en moyenne >à 80 kg/hl) et des teneurs en protéines correctes (11,2-11,5 %)

Orge d’hiver :Avec près de 5 % de surface en moins que l’an dernier, la baisse est moins marquée que pour le blé tendre et concerne surtout l’Aisne, le Nord et le Pas-de-Calais. Le rendement régional (80 q/ha) perd 6 points par rapport à 2019 mais seulement 1 point par rapport à la moyenne quinquennale. Le département de l’Oise affiche le plus mauvais rendement avec 10 points de moins sur un an. Ainsi la production régionale d’orge d’hiver serait en baisse de 10 % par rapport à la campagne précédente. Côté qualité, les teneurs en protéines sont majoritairement situées entre 10,5 et 11,5 %. Les poids spécifiques sont bons et les calibrages très bons avec des moyennes supérieures ou égales à 80%.

Orge de printemps : La surface d’orge de printemps progresse de plus de 11 % sur le territoire régional, bénéficiant du report des surfaces en échec d’implantation des céréales d’hiver. La hausse concerne le Nord, le Pas-de-Calais et l’Oise alors que les surfaces sont stables dans l’Aisne et la Somme. Le rendement moyen s’affiche à 54 q/ ha soit une baisse générale variant de 20 à 25 % par rapport à la moyenne quinquennale et de 31 % sur un an. Au final la récolte régionale serait en baisse de 23 % par rapport à 2019.

Colza : La surface de colza affiche un léger recul par rapport à 2019, avec une baisse dans le Nord et l’Oise, une stabilité dans la Somme et le Pas-de- Calais et une hausse dans l’Aisne. Le rendement moyen (34 q/ha) perd 4 points par rapport à la moyenne quinquennale et 3 points sur un an avec une baisse homogène sur tous les départements. La récolte atteindrait 0,47 Mt contre 0,51 Mt en 2019.

Protéagineux : Les surfaces progressent nettement sur tous les départements de la région, avec une hausse de 53 % pour la féverole et 35 % pour le pois par rapport à l’an dernier. On note un timide retour du lupin dans les départements picards. S’agissant en région principalement de cultures de printemps, les rendements ont été impactés par les mauvaises conditions climatiques et sanitaires et risquent d’être décevants. Le rendement moyen en pois perdrait 5 points par rapport à la moyenne quinquennale et 13 points sur un an. Pour la féverole, les rendements affichés sont théoriques (moyenne olympique 10 ans) et seront consolidés prochainement avec les résultats de récoltes.


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