Bilan de la campagne agricole 2024 en Hauts-de-France


Une année lourde de déceptions

Dès la fin de l’année 2023, les conditions météorologiques, particulièrement humides, se montrent défavorables pour les travaux des champs en région. La production des céréales est la plus faible des 4 dernières décennies. Le colza lui aussi connaît une baisse de la production par rapport à 2023, plus particulièrement marquée dans la partie septentrionale de la région. La betterave industrielle et la pomme de terre bénéficient d’un report de surfaces des grains. Leurs productions sont en hausse. L’herbe et les productions fourragères tirent leur épingle du jeu en cette année humide en matière de production. Le marché de l’endive surfe sur des prix élevés, mais la campagne est compliquée par une demande trop faible du consommateur et un faible potentiel de production des racines en début de campagne. En productions animales, les abattages de jeunes bovins sont en recul et les prix soutenus. La collecte de lait de vache est marquée une baisse du prix moyen annuel, malgré sa progression au deuxième semestre et par la production de lait bio en baisse. L’activité d’abattage des porcs est soutenue et la part du porc charcutier est toujours très majoritaire. Les prix restent élevés en 2024. Les ventes du produit des pêches maritimes reculent sur un an. Sous pression, le prix moyen annuel du poisson se maintient néanmoins grâce à sa progression de mai à décembre.

Une année douce et humide

L’année 2024 est marquée par une grande douceur et une humidité persistante et très importante (graphiques 1 et 2). Ainsi, à respectivement 12,2°C et 12,4°C, les températures moyennes annuelles sont supérieures aux valeurs de référence sur la période 1991-2020, de 1,1°C dans le département de la Somme et de 1,2°C dans le département du Nord. Seuls les mois de juin et de juillet connaissent des températures moyennes voisines des niveaux de référence, lesquels sont dépassés durant les autres mois de l’année. A cette douceur s’ajoute une humidité présente tout au long de l’année. Les cumuls annuels des précipitations sont supérieurs aux valeurs de références sur la période 1991-2020, de 16 % dans le département du Nord et de 22 % dans le département de la Somme.

Graphique 1 - Station Météo France d’Amiens-Glisy
Cumuls mensuels des précipitations et températures moyennes mensuelles

Graphique montrant l'évolution mensuelle des pluies et des températures sur la station Amiens-Glisy en 2024 comparées aux normales. Les précipitations sont souvent supérieures aux valeurs habituelles, surtout au printemps et à l'automne. Les températures suivent la tendance normale mais sont légèrement plus élevées la plupart de l'année, avec un maximum en été autour de 20 °C et un minimum en hiver autour de 5 °C.

Source : Météo France, station d’Amiens-Glisy

Graphique 2 - Station Météo France de Lille-Lesquin
Cumuls mensuels des précipitations et températures moyennes mensuelles

Graphique montrant l'évolution mensuelle des pluies et des températures sur le station Lille-Lesquin en 2024 comparées aux normales. Les précipitations sont souvent supérieures aux valeurs habituelles, surtout au printemps et à l'automne. Les températures suivent la tendance normale mais sont légèrement plus élevées la plupart de l'année, avec un maximum en été autour de 20 °C et un minimum en hiver autour de 5 °C.

Source : Météo France, station de Lille-Lesquin

Synthèse conjoncturelle des principales productions en région Hauts-de-France

Les grains : La production de céréales à paille est en recul de 27 % sur un an, en raison de conditions météorologiques défavorables tout au long de la campagne. Les marchés sont peu favorables aux grains d’origine France.
La production de colza recule de 7,5 % sur un an. Le cours moyen annuel se situe 1 % au-dessus de son niveau de 2023, mais son évolution diffère : après un départ 25 % sous le niveau de début 2023, il progresse régulièrement et termine l’année 21 % au-dessus de son niveau de fin 2023.

L’herbe, les cultures fourragères et le maïs : Une production importante, mais des difficultés de récolte et des opérations de séchage conséquentes. La production de maïs grain progresse.

La betterave industrielle : Un rendement stable et une production en hausse en région. Les cours fléchissent mais restent à un niveau élevé.

La pomme de terre : Une production régionale en hausse pour la consommation.

L’endive : Une production en baisse mais un bon niveau de prix.

La viande bovine : L’activité d’abattage est en recul sur un an en jeunes bovins et en races laitières. Les prix moyens à l’entrée en abattoir sont en hausse en jeunes bovins et en races allaitantes.

Le lait de vache : La collecte de lait bio est en recul de 8 % sur un an, celle du lait conventionnel progresse de 1 %. Le prix moyen du lait bio stagne tandis que celui du lait conventionnel baisse de 1,5 %.

La viande porcine : Le cheptel est en légère baisse. L’activité d’abattage est en progression, le prix moyen reste soutenu, mais en léger recul par rapport à 2023.

Les produits de la mer : Les volumes pêchés sont inférieurs aux valeurs de 2023. Les prix sont sous pression.

Déceptions en chaîne pour les grains

Les semis d’hiver sont fortement perturbés par un automne 2023 très humide. L’accès aux parcelles est contrarié dans de nombreux secteurs de la région, en raison de la saturation des sols en eau et des inondations, consécutivement aux précipitations abondantes et continues. Les récoltes se déroulent tardivement, ou ne peuvent pas être réalisées, ce qui empêche de nombreux semis. Dans d’autres zones, l’implantation des cultures d’hiver se déroule dans de mauvaises conditions. La poursuite des précipitations durant la majeure partie de l’hiver et du printemps dégradent la qualité des cultures en place et ne permet pas de pallier la baisse de surfaces de blé tendre au printemps. La résultante est inférieure de 10 % par rapport à l’année 2023. Les surfaces d’orge de printemps compensent en partie le déficit des semis d’automne, en recul de 5 % par rapport à l’année précédente. Le colza s’en sort un peu mieux : en raison de la progression des surfaces dans le département de l’Oise, le repli de la surface régionale de 2% par rapport à 2023 est moindre.
En matière de production, la récolte 2024 est décevante. Les diminutions de surfaces y sont pour beaucoup, mais les conditions de culture des grains, trop humides et souffrant d’un déficit important d’ensoleillement débouchent sur des rendements bas. Il en résulte une récolte régionale de blé tendre inférieure de 27 % environ à celle de l’année précédente (graphique 3). Pour les orges et escourgeons, c’est un repli d’environ 16 % par rapport à la production de 2023 en Hauts-de-France (graphique 4). Pour le colza, la baisse de production régionale est de 8% par rapport à la campagne précédente (graphique 5). Cette baisse n’est que de 4 % dans la partie picarde de la région.

Graphique 3 - Production et rendement du blé tendre en Hauts-de-France

* estimation
Source : Agreste, statistique annuelle agricole

Graphique 4 - Production et rendement de l’orge d’hiver en Hauts-de-France

* estimation
Source : Agreste, statistique annuelle agricole

Graphique 5 - Production et rendement du colza en Hauts-de-France

* estimation
Source : Agreste, statistique annuelle agricole

L’année 2024 est également compliquée sur les marchés des grains. La parité euro/dollar oscille entre 1,06 et 1,12 pendant les trois premiers trimestres de l’année, ce qui pénalise les origines UE, quand les grains d’origine mer Noire sont plus compétitifs.
Les cours du blé tendre (found on board Rouen) présentent une volatilité entre 190 € et 265 € la tonne au cours de l’année, et affichent une valeur moyenne annuelle de 220 € la tonne, 11 % en dessous de la valeur de 2023 (249 € la tonne) (graphique 6). Pour l’orge fourragère, la situation est similaire, avec un cours qui fluctue de 170 € à 230 € la tonne et une valeur moyenne annuelle à 197 € la tonne (-15 % sur la valeur moyenne annuelle 2023 à 232 € la tonne)(graphique 7). Le cours du colza (rendu Rouen) affiche quant à lui une progression tout au long de l’année. L’écart en moyenne avec l’année précédente est toutefois mince (+1 % à 464 € la tonne en 2024), en raison des prix très élevés pratiqués en début d’année 2023, un an après le début du conflit armé en Ukraine (graphique 8).
Le premier semestre de 2024, qui clôture la campagne 2023-2024, rassure toutefois sur le niveau des échanges de blé tendre, proche de celui de la campagne précédente. Le stock final à cette date, plus important que celui de la campagne 2022-2023, vient compenser la récolte catastrophique de l’été 2024. Durant le second semestre, malgré une parité euro-dollar proche de 1,04 et donc plus favorable aux origines UE, l’accès aux marchés est beaucoup plus compliqué pour les grains français. Le bilan prévisionnel établi en fin d’année 2024 par FranceAgriMer pour la campagne 2024-2025 constate un recul de 66 % des exportations de grains et un recul de 2 % des ventes intracommunautaires. Comptant sur une valorisation stable en alimentation animale, l’utilisation cumulée domestique et vendue du blé tendre français serait en recul de 23 % par rapport à la campagne précédente. La situation n’est guère meilleure pour les orges françaises, avec un recul respectif des ventes intracommunautaires et à l’exportation de 6 % et de 50 % par rapport à la campagne précédente et un total utilisé inférieur de 22 % à celui de cette même campagne précédente. Pour le colza, le bilan total des utilisations est égal pour les prévisions de la campagne 2024/2025 à celui de la campagne précédente (5,3 Mt).

Graphique 6 - Cotations du blé tendre FOB* Rouen

Graphique montrant l'évolution des prix du blé tendre en euros par tonne en 2023 et 2024. En 2023, les prix commencent au-dessus de 300 €/t en janvier puis diminuent régulièrement pour atteindre environ 220 €/t en fin d'année. En 2024, les prix démarrent autour de 220 €/t, baissent légèrement jusqu'au printemps, puis fluctuent entre 210 et 240 €/t, avec un pic proche de 250 €/t en juin, avant de se stabiliser en fin d'année autour de 230 €/t.

* FOB : found on board
Source : France Agrimer

Graphique 7 - Cotations de l’orge fourragère FOB* Rouen

Graphique montrant l'évolution des prix de l'orge fourragère en euros par tonne en 2023 et 2024. En 2023, les prix commencent autour de 280 €/t en janvier puis baissent régulièrement pour atteindre environ 200 €/t à la fin de l'année, avec un creux marqué proche de 190 €/t en été. En 2024, les prix démarrent autour de 200 €/t, connaissent un pic proche de 220 €/t en juin, puis fluctuent entre 180 et 200 €/t, pour finir l'année légèrement au-dessus de 200 €/t.

* FOB : found on board
Source : France Agrimer

Graphique 8 - Cotations du colza rendu Rouen

Graphique comparant l'évolution du prix du colza en 2023 et 2024, en euros par tonne, de janvier à décembre. En 2023, les prix débutent autour de 580 € puis diminuent régulièrement jusqu'à environ 420 € en fin d'année. En 2024, les prix commencent vers 430 €, restent stables au printemps, puis augmentent progressivement avec des variations pour atteindre environ 520 € en décembre.

Source : France Agrimer

Betterave industrielle : une production régionale en hausse

La production de betterave sucrière est en hausse en Hauts-de-France en 2024, de 6 % par rapport à l’année précédente (graphique 9). En dépit de rendements un peu à la baisse dans les départements de l’Aisne et de l’Oise, c’est le report de surfaces qui n’ont pu être ensemencées en cultures d’hiver de grains qui bénéficient à la filière sucrière. Le sucre de betterave produit par l’UE conserve un bon niveau de rémunération en 2024. Après s’être maintenu aux hauts niveaux atteints au cours de l’hiver 2022-2023 jusqu’au printemps 2024, le cours subit une baisse, qui le ramène dans les valeurs voisines de celles de l’automne 2022 (graphique 10).

Graphique 9 - Production et rendement de la betterave à sucre en Hauts-de-France

* estimation
Source : Agreste, statistique annuelle agricole

Graphique 10 - Évolution des prix moyens mensuels du sucre (UE et marchés à terme) depuis la fin des quotas sucriers

Source : CE et SP FO LIGHT

Pomme de terre : une production en hausse

Les surfaces régionales sont en augmentation pour la pomme de terre de consommation de 10 % et en recul de 15 % pour la pomme de terre de féculerie par rapport à 2023. La faible disponibilité en plants produits en France nécessite le recours à des plants introduits. Les plantations des pommes de terre s’effectuent avec du retard compte-tenu des conditions humides du printemps 2024. Les travaux des champs ne peuvent être réalisés avant fin mai, début juin, dans les secteurs les plus arrosés. La levée est très dépendante des conditions météorologiques et certaines parcelles sont abandonnées, faute de possibilité de replanter en complément. Les premiers arrachages interviennent en septembre. En octobre, les chantiers d’arrachage profitent de conditions météorologiques plus clémentes pour s’intensifier. Les rendements et la qualité sont globalement satisfaisants. La production de pomme de terre de consommation en 2024 est supérieure de 8 % en volume à celle de 2023 pour l’ensemble de la région.
Sur l’ensemble de l’année, les marchés sont globalement fluides et la pomme de terre se valorise correctement, avec un prix moyen sur le marché du frais 1 % au-dessus de la valeur moyenne de l’année civile précédente (2023) et 4 % au-dessus de la valeur moyenne de l’année précédente si on calcule ces valeurs sur l’intervalle de campagne (octobre année n-1 à juin année n) (graphique 11). De nouvelles usines de transformation de la pomme de terre de consommation s’installent dans la région, avec une mise en production dans les deux années à venir. Des perspectives de hausse des surfaces sont attendues.

Retrouvez le bilan de campagne 2024-2025 de la pomme de terre sur le site FranceAgriMer, en suivant le lien : Télécharger le bilan de campagne 2024-2025 de la pomme de terre.

Graphique 11 - Cotations de la pomme de terre chair normale calibre 50-75mm catégorie II non lavée en filet de 25kg

Le graphique présente l'évolution des prix de la pomme de terre chair normale, calibre 50-75 mm, catégorie II non lavée en filet de 25 kg, entre octobre et juin pour plusieurs campagnes. La campagne 2024-2025 démarre autour de 360 €/t et reste stable jusqu'en janvier, en dessous de la campagne 2023-2024 qui progresse régulièrement pour dépasser 500 €/t en juin. La campagne 2022-2023 suit une évolution intermédiaire, avec une hausse marquée à partir d'avril pour atteindre environ 550 €/t en fin de période. La moyenne des campagnes 2019-2023 reste nettement inférieure, autour de 250 à 330 €/t.

Source : France Agrimer - RNM

L’herbe et le maïs : une production importante, mais des difficultés de récolte et des opérations de séchage conséquentes.

Les conditions météorologiques de l’année 2024 sont particulièrement favorables à la pousse de l’herbe en région. Ainsi, les rendements moyens dépassent largement les valeurs de référence établies sur la période 1989-2018 : de 15 % à 20 % dans les départements du Pas-de-Calais et de la Somme, de 20 % à 30 % dans les départements du Nord et de l’Aisne et de 40 % dans le département de l’Oise. L’excédent de pousse de l’herbe est, plus généralement, majoritaire sur la plus grande partie du territoire de la France métropolitaine (carte 1). Au niveau des exploitations, la portance des sols est souvent insuffisante pour permettre l’accès des matériels aux parcelles et le bon déroulement des opérations de fauche. L’excédent d’humidité et le déficit d’ensoleillement limitent la qualité et la valeur nutritive des foins. Au stockage, les lots les plus humides récoltés nécessitent un surcroît de travail pour tenter de limiter la dégradation de leur qualité.
Le maïs bénéficie lui aussi de ces conditions favorables à son développement dans la région. Les volumes cumulés de production de l’herbe et des cultures fourragères conduit les exploitants à réorienter une partie de la production de maïs vers une valorisation en grain. Ainsi, les surfaces de maïs grain en 2024 en Hauts-de-France dépassent 79 000 ha soit 25 % de plus qu’en 2023. Ici encore, les coûts de production sont augmentés par la nécessité d’opérations de séchage plus importante, dans l’intérêt de la qualité des grains.

Carte 1 - Indice du suivi objectif de la pousse de l’herbe (ISOP)
Indice cumulé de la pousse de l’herbe d’avril à novembre 2024 dans les régions fourragères, en comparaison avec l’indice de référence (période 1989-2018)

Source : Agreste - Isop- Météo France - INRAE

Endive : une production en baisse mais un bon niveau de prix

L’endive connaît des fortunes diverses tout au long de l’année 2024. La première partie de l’année civile est marquée par les conséquences des conditions météorologiques de l’année 2023. Avec un automne très arrosé, la récolte des racines est contrariée, contraignant parfois même les producteurs à abandonner la culture au champ. La qualité et donc le potentiel de productivité des racines sont dégradés, ce qui pénalise les rendements en bacs de forçage. Ces conditions, conjuguées à la diminution du nombre de producteurs qui se poursuit, conduisent à une baisse de la production de 10 % par rapport à la campagne précédente et de 28 % par rapport à la moyenne quinquennale. Malgré une demande timide du consommateur, la faiblesse de l’offre soutient les cours durant les premiers mois de l’année (graphique 12). Ces mêmes cours baissent ensuite, tout en restant supérieurs à ceux de la campagne précédente à date. Ils regagnent même de la valeur durant les deux mois de fin de campagne, retrouvant la marge de +40 % à +50 % par rapport aux valeurs de l’année précédente, analogue au mois de mai 2024 à celles de janvier 2024. La culture et la récolte des racines de l’année 2024 se déroulent ensuite dans de meilleures conditions que l’année précédente. La production de chicons est en revanche très compliquée en début de la nouvelle campagne 2024-2025 à l’automne. La faiblesse des stocks et la mauvaise qualité des racines de report appelle une transition plus rapide qu’à l’habitude. Les racines récoltées précocement déçoivent elles aussi par leur potentiel de productivité, en raison de leur manque de maturité. Les cours s’envolent en conséquence, malgré une demande toujours réservée. Le niveau élevé des cotations (+50 % à +60 % au-dessus de celui de l’automne 2023) se maintient jusque début décembre. Les racines récoltées plus tardivement et présentant un bon potentiel de productivité engendrent une offre qui étouffe un marché bien trop atone. Les opérations de retrait s’enchaînent alors et les cours moyens s’effondrent (-10 % à -30 % par rapport aux valeurs de décembre 2023), d’autant que la concurrence des offres d’origines Belgique et Pays-Bas s’invite sur le marché.

Retrouvez le bilan de campagne 2024-2025 de l’endive sur le site FranceAgriMer, en suivant le lien : Télécharger le bilan de campagne 2024-2025 de l’endive

Graphique 12 - Cotations de l’endive en sachet de 1kg

Source : France Agrimer - RNM

Viande bovine : des disparités selon les types de races dans l’abattage et les prix

Les abattages de jeunes bovins reculent fortement en nombre dans la région en 2024 par rapport à 2023 (-37 %). Cette tendance est d’autant plus marquée qu’elle évolue à contresens de celle observée au niveau national (+ 0,8 %). La demande présente sur le marché communautaire conduit à une envolée des prix à l’entrée en abattoir (graphique 13). Le poids moyen des carcasses est quant à lui en progression sur un an de 4 % (183 kg en 2024 pour 176 kg en 2023). Les abattages des troupeaux de vaches allaitantes et laitières évoluent de manière beaucoup plus limitée avec des évolutions respectives de + 1 % et - 4 %. Le poids des carcasses de vaches de races allaitantes est constant et celui des vaches de type laitier est en légère progression sur un an de 2 %.
S’agissant des prix à l’entrée dans les abattoirs régionaux, leur évolution diffère selon les types de races. Ils restent stables pendant le premier tiers de l’année et voisins des valeurs de l’année précédente pour les races allaitantes, avant d’afficher une hausse régulière au-dessus des niveaux atteint durant l’année 2023 (+10 centimes par kg environ) (graphique 14). Les vaches laitières de réforme démarrent l’année sur une valorisation inférieure à celle de l’année précédente (3,90 €/kg contre 4,60 €/kg), mais affichent ensuite une progression constante pour rejoindre le niveau de 2023 au début du mois d’août (4,55 €/kg environ). Une baisse saisonnière analogue à celle de l’année précédente est ensuite observée, mais plus brève toutefois en 2024. La stabilisation des cours à la fin octobre, suivie d’une légère reprise leur permet de terminer l’année à environ 4,25 €/kg, soit 35 centimes au-dessus du niveau des prix de fin 2023 (graphique 15).
Sur les marchés, les importations de viande bovine française sont stables entre 2023 et 2024, à l’exception des segments des produits congelés et transformés sur lesquels elles progressent. Les exportations montrent une légère croissance. Le solde global reste déficitaire. Dans le cas des origines laitières en particulier, la filière française souffre toujours d’un déficit d’offre structurel et de la perméabilité aux importations. S’agissant des coûts de production, l’indice IPAMPA viande bovine diminue de 3,6 % de fin 2023 à fin 2024, principalement en raison de ses composantes engrais et amendements (-16,6 %), énergie (-6,6 %) et alimentation (-9 %).
Sur le plan sanitaire, le développement de l’épidémie de fièvre catarrhale ovine de type 3 dans la région depuis début août 2024 porte une menace sur le cheptel bovin, notamment en matière de production de viande. Des mesures de désinsectisation (le vecteur de transmission étant un insecte), de test et/ou de vaccination sont rendues obligatoires avant déplacement des animaux.

Graphique 13 - Cotations viande bovine entrée abattoir : catégorie U* jeune bovin

Graphique comparant le prix en euros par kilogramme de la viande bovine de jeune bovin pour les années 2023 et 2024. La courbe de 2023 montre un prix qui culmine à près de 5,60 € en semaine 13, avant de connaître une baisse jusqu'à un point bas autour de 5,13 € en semaine 32, puis de remonter légèrement en fin d'année. La courbe de 2024, après des fluctuations durant la première moitié de l'année, entame une hausse très marquée et continue à partir de la semaine 29, passant d'environ 5,25 € à près de 5,90 € en fin d'année, terminant bien au-dessus du niveau de 2023.

* classification qualitative EUROP de conformation des carcasses
Source : France Agrimer - visionet

Graphique 14 - Cotations viande bovine entrée abattoir : catégorie R* race allaitante

Graphique comparant le prix en euros par kilogramme de la viande bovine de race allaitante pour les années 2023 et 2024. La courbe de l'année 2024 affiche une tendance générale à la hausse. Le prix part d'environ 5,40 € en début d'année et augmente progressivement pour atteindre des pics au-dessus de 5,55 € au second semestre. La courbe de l'année 2023, plus fluctuante, se situe à un niveau de prix constamment inférieur à celui de 2024, à l'exception des toutes premières semaines. Son point le plus haut est atteint en semaine 37, autour de 5,48 €, avant de refluer en fin d'année.

*classification qualitative EUROP de conformation des carcasses
Source : France Agrimer - visionet

Graphique 15 - Cotations viande bovine entrée abattoir : catégorie P* race laitière

Graphique comparant le prix en euros par kilogramme de la viande bovine de race laitière pour les années 2023 et 2024. Les deux années présentent des dynamiques inversées. La courbe de 2023 débute à un niveau élevé, autour de 4,60 €, atteint un pic à plus de 4,80 € en semaine 11, puis suit une tendance à la baisse qui s'accélère fortement en fin d'année, pour terminer sous les 3,90 €. À l'inverse, la courbe de 2024 commence l'année plus bas, vers 3,90 €, connaît une hausse progressive jusqu'à un sommet d'environ 4,55 € en semaine 35, avant de se replier. Le prix en 2024, d'abord nettement inférieur à celui de 2023, finit par le dépasser à partir de la semaine 41.

*classification qualitative EUROP de conformation des carcasses
Source : France Agrimer - visionet

Lait de vache : la production de lait bio en baisse

Avec 235 000 têtes, le cheptel régional de vaches laitières se situe au 5e rang national pour la campagne de production démarrée en 2024.
Avec 2 192 millions de litres en 2024, la collecte régionale de lait de vache est restée quasiment stable par rapport à 2023 (graphique 16). Cette progression est un peu plus importante pour le lait de vache conventionnel (2 142 milliards de litres collectés en 2024, soit +1 %). En revanche, le volume de lait certifié en agriculture biologique collecté en Hauts-de-France en 2024 recule de 8,5 % par rapport à l’année précédente (un peu plus de 49 millions de litres collectés en 2024 contre un peu moins de 54 millions de litres en 2023).
Les prix moyens payés aux producteurs pour les 2 catégories de lait de vache évoluent dans des directions opposées (graphique 17). Ainsi, le prix moyen du lait de vache bio s’établit à 506 € pour 1000 litres en 2024 (505 € en 2023) et le prix moyen du lait de vache conventionnel s’établit à 443 € pour 1000 litres en 2024 (450 € en 2023).
Sur le plan sanitaire, comme pour la production de viande, l’épidémie de fièvre catarrhale ovine menace la production laitière.

Graphique 16 - Collecte de lait de vache en Hauts-de-France

Le graphique montre le volume de collecte de laiten Hauts-de-France,en litres, pour chaque mois de l'année 2023 et 2024. En général, les volumes restent proches de 160 à 200 millions de litres chaque mois. Les volumes de 2024 sont légèrement supérieurs à ceux de 2023 en mars, mai et décembre, tandis que pour février, juillet et août, 2024 est légèrement inférieur à 2023. Les autres mois présentent des volumes très proches entre les deux années.

Source : enquête mensuelle laitière (EML)

Graphique 17 - Prix du lait de vache en Hauts-de-France

Ce graphique présente le prix moyen mensuel du lait de vache en Hauts-de-France, en euros pour mille litres pour les années 2023 et 2024. La courbe de 2023 montre un prix élevé en début d'année, qui baisse jusqu'en juin puis remonte avec un pic en septembre. La courbe de 2024 montre un prix stable durant le premier semestre, qui augmente ensuite pour dépasser celui de 2023 à partir du mois de juillet.

Source : enquête mensuelle laitière (EML)

La viande de porc : le cheptel en baisse, l’activité d’abattage en hausse

Le cheptel régional se place au 5e rang national. Depuis 2010, ce cheptel en Hauts-de-France est globalement orienté à la baisse.
Le marché du porc dépasse largement les frontières nationales et communautaires. Après l’appel à l’importation de la Chine en 2021, qui a engendré un pic de production européen, certes moins marqué en France qu’en Espagne notamment, le cheptel porcin reprend une tendance baissière..
L’activité d’abattage progresse en région de 3 % entre 2023 (692 000 têtes abattues) et 2024 (715 000 têtes abattues). Le secteur du porc charcutier participe à cette croissance (600 000 têtes abattues en 2024 contre 586 000 têtes en 2023).
Dans le bassin de production Nord-Est, les cours suivent la même évolution mensuelle en 2024 qu’en 2023. Le niveau de 2024 est toutefois légèrement inférieur à celui de l’année précédente. Ainsi, le prix moyen annuel s’établit à 2,09 € par kg contre 2,28 € par kg en 2023 (-8 %) (graphique 18).

Graphique 18 - Cotation moyenne mensuelle du porc charcutier - entrée abattoir

Ce graphique montre l'évolution mensuelle des prix moyens de la viande de porc en euros par kilogramme pour 2023 et 2024. En 2023, les prix démarrent à environ 2,00 euros par kg en janvier, augmentent rapidement pour atteindre un plateau autour de 2,50 euros de mars à mai, se maintiennent à ce niveau jusqu'en juillet, puis diminuent progressivement pour finir à environ 1,90 euro en décembre. En 2024, les prix suivent une trajectoire différente : ils commencent à 2,00 euros en janvier, montent à 2,20 euros en mars-avril, connaissent un pic à 2,30 euros en juillet, puis chutent de façon continue jusqu'à 1,90 euro en décembre. Les prix 2024 restent systématiquement inférieurs à ceux de 2023 sur l'ensemble de l'année, avec un écart particulièrement marqué entre mars et août où la différence atteint environ 0,20 à 0,30 euro par kilogramme.

Source : cotations RNM - France Agrimer

Pêche maritime : des volumes en baisse, des prix sous pression

Les prix moyens de vente à la criée de Boulogne-sur-Mer sont inférieurs de 16 % à ceux de l’année précédente en janvier. Ils abordent une tendance baissière et l’écart se creuse jusqu’à un différentiel de 30 % en mars par rapport à la valeur de 2023. Dès lors, le niveau des prix de 2024 se stabilise, ce qui leur permet de repasser légèrement au-dessus des niveaux de 2023, quand ceux-ci avaient chuté brusquement pour ne plus ensuite progresser avant l’automne. C’est un schéma analogue qui se reproduit en 2024 (graphique 19). Les prix moyens évoluent de 3 € HT/kg à 4,50 € HT/kg entre octobre et décembre. Globalement, les prix sur l’année égalent ceux pratiqués en 2023 et restent en dessous du prix moyen annuel de 2022 (2,81 € HT/kg contre 2,96 € HT/kg). Les volumes échangés à la halle à marée durant l’année 2024 se situent 2,5 % en dessous de ceux de l’année 2023 (graphique 20). Les mois de mars, mai, août et octobre sont les seuls durant lesquels les volumes sont supérieurs à ceux des mêmes mois de l’année précédente. Les volumes commercialisés au mois de mars 2024 sont particulièrement faibles (moins de 1 700 tonnes), quasiment au niveau de ceux des mois d’été. Le mois d’octobre, le plus actif de l’année, ne dépasse pas 2 000 tonnes de produits vendus. Le cumul des volumes de l’année 2024 est quasiment égal à celui de la moyenne quinquennale.

Graphique 19 - Prix moyens à la halle à marée (criée) de Boulogne-sur-Mer

Le graphique présente le prix moyen mensuel à la halle à marée (criée) de Boulogne-sur-mer, en euros hors taxes par kilogramme pour les années 2023 et 2024. Les deux courbes montrent une tendance similaire avec une baisse des prix jusqu'en mai, suivie d'une remontée. Le prix moyen de 2024, initialement plus bas que celui de 2023, le dépasse à partir de juillet et termine l'année sur une forte hausse pour atteindre son point le plus haut.

Source : France Agrimer - port de Boulogne-sur-Mer

Graphique 20 - Volumes échangés à la halle à marée (criée) de Boulogne-sur-Mer

Le graphique présente les volumes échangés à la halle à marée (criée) de Boulogne-sur-mer, en tonnes, pour les années 2023 et 2024. Le tonnage varie chaque mois, avec des valeurs pour 2024 tantôt supérieures (mars, mai, août et octobre), tantôt inférieures à celles de 2023. Le pic de tonnage le plus élevé sur la période est observé en novembre 2023, dépassant les 2500 tonnes.

Source : France Agrimer - port de Boulogne-sur-Mer


Partager la page